Atelier des assises du numérique

De Forum des Usages Coopératifs

Sujet de l'atelier

Développer des coopérations et la prise en compte des nouveaux usages pour réussir l'aménagement numérique du territoire


Date et lieu

vendredi 11 juillet de 14h30 à 16h30

TELECOM Bretagne, Technopôle Brest-Iroise, salle B3/136


Objectif de l'atelier

L'Institut TELECOM et la Préfecture de la région Bretagne ont organisé en commun le présent atelier sur le thème du "développement des coopérations et la prise en compte des nouveaux usages pour réussir l'aménagement numérique du territoire".

L’atelier s’est tenu à TELECOM Bretagne, l’une des écoles de l’Institut TELECOM, L'ouverture de l'atelier a été faite par Jacques-François Marchandise, directeur du développement de la Fing et l'animation de l'atelier par Godefroy Dang Nguyen, directeur scientifique adjoint de TELECOM Bretagne.

Une quarantaine de personnes ont participé à l’atelier rassemblées autour de quatre principaux intervenants :

- Jean Le Traon, directeur direction des entreprises de TELECOM Bretagne

- Yves Salaun, chargé de mission de la préfecture de la région Bretagne

- Thomas Renault, chef de mission du développement numérique régional

- Hedwige Cornet, chargée de mission, délégation aux usages de l’internet (MESR)

- Catherine Guével, animatrice de la plateforme de blogs multimédias Médiablog coopératif, Brest


Cet atelier, qui s’est déroulé à l’issue du "Forum des usages coopératifs" réunissant les principaux acteurs du développement du numérique en Bretagne, avait pour objectif d’enrichir la contribution régionale à la concertation nationale ouverte dans le cadre des "Assises du numérique" initiées par Eric Besson, Secrétaire d’État, avec l’objectif de présenter prochainement un plan de développement de l’économie numérique à l’horizon 2012.

Cette contribution alimentera également les propositions d’actions qui seront élaborées par la Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires pour que les politiques d’aménagement numérique soient très concrètement au service du développement durable des territoires.


L’ouverture de l'atelier

L’utilisation du « numérique » s’étend aujourd’hui à toutes nos activités, qu’elles soient professionnelles ou privées, qu’il s’agisse de la formation, des loisirs, de la culture, des achats ou encore du lien social entre individus.

Or, si l’Internet, et notamment le haut débit, s’est bien développé en France grâce à une concurrence intense, il existe aujourd’hui encore des conditions inégales d’accès et d’usage (et de mauvais usage, voire de renonciation à l’usage) du « numérique » qui constituent dans certains cas, un empêchement à vivre normalement. Ce constat nous amène naturellement à la première question sur les actions qui peuvent être entreprises pour réduire les conditions d’accès et d’usage du « numérique ».

La réponse souvent apportée à cette question résulte d’une vision trop linéaire de la problématique qui voit dans la technologie la solution aux difficultés que connaît aujourd’hui la société. Or, c’est à elle d’affronter ses propres problèmes et la technologie ne peut qu’apporter une aide mais pas une solution automatique. Le risque en effet est de déplacer les aides et les budgets des gens vers les machines. Il importe ainsi de faire évoluer cette vision simpliste et ceci constitue un deuxième sujet de débat pour cet atelier.

Autre constat : le développement du « numérique » se fait « en silo », sur la base d’une réflexion cloisonnée par secteur d’activité ou par métier : les technologies pour l’enseignement, le télétravail, l’insertion sociale, la gestion des chaines de valeur, etc. D’ailleurs ceci se note dans le manque d’interopérabilité entre les services publics numérisés proposés aux citoyens. Or la « numérisation de la société » est transverse et transcende les secteurs, les métiers, et les catégories sociales et professionnelles. Le troisième axe des réflexions a porté sur l’opportunité de sortir de cette démarche « en silo ».

Enfin, le rôle de l’action publique dans le développement du « numérique » doit être redéfini Les pouvoirs publics ne peuvent plus se contenter d’être un « agent de la circulation » qui réglemente les marchés et un financeur de dernier ressort qui comble les manquements des acteurs privés : (zones blanches, exclusions…). Il faut favoriser le développement du niveau de l’appropriation du « numérique » par tous ( jeunes, actifs, seniors), et imaginer une réelle politique du numérique mettant l’accent sur la continuité entre cette appropriation et l’innovation. Les contours de cette nouvelle politique ont été évoqués, notamment la gouvernance, l’aménagement des « entrées » à divers échelons (local, régional, national…).


Les débats de l'atelier

Au travers des différentes expériences rapportées par les participants il apparaît d’une part que les usages du « numérique » en France restent dans bien des cas relativement frustres que ce soit au niveau des particuliers, des entreprises privées, des associations ou des acteurs publics ; d’autre part leur développement paraît accentuer la fracture sociale.

Il en ressort un besoin fort de développer le niveau d’appropriation du « numérique » en assurant une continuité d’action entre les milieux associatifs, les acteurs publics, entreprises, et les particuliers.

Cette appropriation passe nécessairement par le développement de coopérations. Or les acteurs ont des langages et des préoccupations différents, fonction de leur activité : affaires, aménagement du territoire, réseau social, environnement, … ce qui rend la communication difficile. De plus, le cloisonnement des grandes organisations et notamment de l’administration publique n’est guère adapté au fonctionnement coopératif. Le territoire fournit un cadre pour lancer le développement des coopérations car on y trouve des acteurs qui partagent la même culture et des intérêts communs. Mais pour que ce cadre joue son rôle à plein il faut éviter la confection d’un « mille-feuille » institutionnel, il faut aussi repérer et connaître tous les acteurs qui y sont présents, alerter et sensibiliser surtout les élus mais également le personnel administratif à l’importance et la complexité d’une politique d’aménagement du « numérique », pourtant moins difficile et moins coûteuse que l’aménagement du territoire. Une approche systématique par projet et l’identification et la mobilisation de tous les acteurs (publics, privés, institutionnels et individuels) pourrait contribuer à transcender les clivages, et à mettre en place une véritable stratégie sur le territoire.

Le développement des accès et des usages, notamment pour réduire la fracture numérique, apparaît souvent bridé : par les règlements (restriction à des offres économiques d’accès, interdiction ou restriction au partage des fréquences…) et par une difficulté des acteurs institutionnels à partager les charges liées au soutien et à l’accompagnement des usages. Peut être conviendrait-il de réfléchir sur l’opportunité de faire de l’accès à l’internet « un service d’intérêt général ». A titre d’exemple d’action pouvant favoriser l’usage, on pourrait citer l’autorisation de la mutualisation d’accès à l’internet dans l’habitat social, le maintien et l’amplification de l’accompagnement des plus démunis dans l’usage de l’internet (à la maison, dans le quartier, à l’école, dans les espaces publics numériques), et la mise à disposition d’équipements dans les situations d’extrême difficulté (le handicap notamment). Cet accompagnement peut se faire dans une logique qui vise à développer la compétitivité en intégrant l’ensemble de la population dans les chaînes de création de valeur.

Mais pour rendre ces actions efficaces, il importe de mettre en place un système d’évaluation actuellement très insuffisant.


Les propositions de l'atelier


Faire des territoires le support du développement du « numérique » en France grâce à la mise en oeuvre d’une stratégie locale : établir localement une cartographie complète de tous les acteurs impliqués ou susceptibles d’être impliqués dans le numérique, étalonner leurs compétences par rapport aux meilleures pratiques, en déduire une politique numérique pour le territoire (quels acteurs mobiliser, quels partenariats mettre en place, etc…), pour la mettre en œuvre et l’évaluer.


Développer localement le niveau d’appropriation du « numérique » par une démarche de systématisation de l’accès : mettre en œuvre des programmes du type « pas de commerce sans net », « pas d’entreprises sans net », « pas de communes sans net », pas d’école sans net, etc.


Pour se mobiliser contre la « fracture sociale », i. mutualiser les accès à l’internet dans les habitats sociaux, ii. collaborer à tous les échelons institutionnels pour financer conjointement l’accès des handicapés aux équipements, iii. maintenir un accompagnement humain pour l’appropriation dans les espaces publics numériques, et éviter l’abandon de l’usage iv. créer un réseau numérique des travailleurs sociaux, aides soignants à domicile, enseignants, famille, amis et relations, autour de la personne ou du foyer fragilisé


Mettre en place des systèmes pédagogiques pour accompagner les élus et les PME, et révéler toute la richesse et les opportunités qu’offrent les technologies dites « 2.0 ». Etablir un certificat de compétence numérique que devrait valider le personnel administratif.


Développer les coopérations institutionnelles pour une meilleure intégration du numérique (Etat, région, collectivités, chambres de commerce) ; encourager le partage des compétences et des meilleures pratiques entre projets à l’instar de ce que font les villes de Rennes et de Brest autour des projets Mediablog coopératif et de « la Ruche » .


Mettre en place un système d’évaluation des politiques publiques du « numérique »


A l’instar de ce qui est fait au sein du GIS M@rsouin , développer la recherche en sciences humaines et sociales ; pour mieux accompagner les évolutions de la société liées au développement du « numérique »


Mettre ne place systématiquement l’interopérabilité des services numériques publics.