Qu'entend-on aujourd'hui par e-inclusion?

De Forum des Usages Coopératifs

Présentation

Dans cette session nous explorerons ce que la notion d'e-inclusion recouvre à travers deux thèmes : le numérique social et la mobilisation des acteurs du social autour des TIC. Au préalable, la première séance sera consacrée à des échanges autour de ce que chacun entend par e-inclusion.

  • Autour de 3 matinées :

1 Définir l'e-inclusion. La parole aux acteurs

2 Le numérique social: expériences et perspectives

3 Les professionnels du social et les TIC

  • Coordination : Marsouin



Préférée à la notion de 'fracture numérique" qui ne se réduit pas, la notion d'e-inclusion fait aujourd'hui sa route aussi bien dans les réseaux scientifiques qu'auprès des acteurs de terrain. Mais comme toutes les notions, elle a besoin d'être définie, décrite, débattue, transmise et appropriée. Dans le cadre de cette session nous proposons d'explorer ce qu'elle recouvre à travers deux thèmes principaux : le numérique social, dont l'objet principal est d'explorer les expériences récentes de diffusion des technologies numériques et de leurs usages auprès de foyers modestes et la mobilisation des acteurs du social dans la diffusion de technologies numériques. Au préalable, la première séance sera consacrée à un travail d'échange autour de la notion même d'e-inclusion à partir de ce que chacun entend par là.

Cette session est portée par les partenaires bretons impliqués dans le groupe *e-inclusion* mis en place au sein du GIS M@rsouin et soutenu par la MSH de Bretagne.


Une proposition de trois rencontres des laboratoires d'usages francophones associant Creatif , l'AVICCA.

Définir l'e-inclusion. La parole aux acteurs

  • Définition, enjeux et champs de l'action : échange et discussion ouverte

Pierre Montagnier, économiste à l'OCDE, inaugurera cette session sur l'e-inclusion. Inspiré par les travaux qu'il mène pour l'OCDE, il propose un cadrage de ce qu'il est convenu d'appeler la 'fracture numérique' à travers la mise en perspective internationale de la situation française et en allant interroger d'autres aires culturelles comme la Corée du Sud. Retrouvez sa présentation au format PDF

  • Rencontre préparée par les étudiants du séminaire Marsouin (master)
  • Pilotage : Annabelle Boutet, Pascal Plantard

Cette session sera essentiellement animée par les étudiants de M2 TEF de l'université de Rennes 2 qui effectuent leur stage autour de la thématique de l'e-inclusion. Par leurs témoignages sur leurs expériences et un travail d'analyse de ceux-ci, ils viendront à la rencontre d'autres acteurs de [e-] inclusion.

Les participants

Fanny St-Georges

Stagiaire au Conseil régional de Bretagne, auprès de la MINUM (Mission du Développement Numérique), sous la responsabilité d'Emmanuelle Paul-Botta, chargée du dispositif Cybercommune.

La commande de stage

Objectifs : la réalisation d’un diagnostic / Etat des lieux e-Inclusion en Bretagne et notamment :

- Etude de la filière Recyclage de matériels informatiques et du dispositif « Ordi 2.0 » ;

- Etude des solutions proposant Internet à bas prix.

- Des propositions d’actions politiques régionales autour de l’e-Inclusion.

Le mémoire de recherche

Pistes : Comment favoriser les parcours d'insertion professionnelle au moyen du numérique ? Les pratiques dans les dispositifs institutionnels d'insertion professionnelle.


Sophie Dodeman

Stagiaire à la Ville de Rennes, service Mission TIC au côté de Hugues Aubin, chargé de mission TIC.

Fonctions et tâches :

assistance au chargé de mission TIC de la Ville de Rennes, veille, assistance à maîtrise d'ouvrage, évaluations, analyses, organisation, coordination d'actions partenariales en lien avec les technologies de l'information et de la communication, les entreprises et la collectivité.

Détails du projet :

Etude et mise en place de projets utilisant les TIC sur le territoire rennais et métropolitain : wiki rennes, mobilier urbain communicant, urbanisme participatif, réseaux sociaux, mur contributif...

Mémoire de recherche : Recherche/Action

Quelle lecture du territoire à travers les nouvelles pratiques numériques hyperlocales ?

Analyse des pratiques numériques et des usages hyperlocaux qui permettent ou non une appropriation ou une capture du territoire


Marianne Trainoir

Stage co-convientionné par La Direction Générale Solidarité Santé de la Ville de Rennes et le Centre de Recherche sur l'Education, les Apprentissage et la Didactique (CREAD)

Mission.

saisir et analyser les représentations et les pratiques des TIC des personnes en situation d'errance (fréquantant les structures d'accueil destinées à ce public) et des personnes (professionnels et bénévoles) qui les accompagnent sur le territoire de la ville de Rennes.

Tâches.

- construction d'un protocole de recherche prenant en compte trois dimensions (contexte institutionnel, pratiques et représentations des TIC)

- collecte des données empiriques

- analyse conceptuelle et modélisation

Eléments méthodologiques

Une partie importante de mon travail consiste à interroger la méthode. Je me situe dans une démarche que l'on pourrait qualifier d'ethnographique (présence répétée sur le terrain et processus de description/dévoilement). La réflexion porte alors notamment sur la place du chercheur et le rapport au terrain et à l'altérité.


Philippe Denis.

Pratiques syndicales et appropriation de l'internet dans les syndicats de salariés. Le cas de la CGT en Bretagne.

Constat : Nous sommes d'accord que les inégalités face aux TIC sont présentes dans tous les domaines. De fait, le monde du travail n'y échappe pas et par cheminement les acteurs du dialogue social que sont les syndicalites y sont confrontés aussi. Tandis que les pratiques militants sont profondément ancrées dans les syndicats de salariés, il semble que l'appropriation de leurs propres sites internet comme processus d'actions, de mobilisation, mais aussi comme outil relationnel, de proximité et vitrine de fonctionnement auprès de militants puis du grand public est moins légitimée. Il y a très peu de sites internet CGT en Bretagne. Pourquoi un tel phénomène de "désert numérique" ? Quelle e-inclusion pour un tel acteur social ? D'où cela vient-il ? Le manque d'usage d'internet au travail se répercute-t-il dans les activités syndicales ?

Hypothèses :

1) l'arrivée d'internet pouvant entrainer des changements dans les pratiques syndicales ; 2) l'engagement ou non des cadres syndicaux dans ces changements ; 3) quels moyens sont mis en oeuvres par les organisations afin de prévenir ces changements ? 4) Doit-on se contenter des moyens communicationnels existant ?

mais aussi :

Manque de formation TIC en général ; Manque de culture TIC collaborative dans un militantisme institué en particulier ; (Wenger communautés des pratiques) Déficit d'effectif jeune (-30 ans) ; Mythe et tabou du pouvoir présumé du webmestre porteur d'une maîtrise des usages d'Internet et de création de sites. Un Webmestre est-il considéré comme un militant à part entière ? ; Incompatibilité entre l'action permanente sur le terrain et l'usage réfléchi de nouvelles stratégies de communication ; Le rapport avec l'écrit que l'on rend visible sur Internet. Le syndicaliste engagé ne fait pas écho par l'internet. Tension entre l'internet libérale et libertaire. Le temps de l'action, les temporalités sociales. Les traçabilités, le rapport anxiogène avec internet. Concept d'engagement individuel (H.S Becker) Des pratiques invisibles ( Wenger; communautés de pratiques)

Métholologies

Mémoire recherche/action et observation participante.

Etat des lieux du maillage territoriale des sites internet CGT en Bretagne dans les organes décisionnels.

Enquête quantitative validée par le comité régional CGT afin de connaître les usages et non usages d'internet par les militants syndicaux en Bretagne.

Enquête qualitative sous forme d'entretien avec des militants.

"Prescription" : Ingénierie de formation sur les temps de formation syndicale et sociale pour les syndicalistes volontaires sur les usages d'internet et la création/gestion de sites internet ?


Marie Guillo

Etudiante Master II TEF, Université Rennes II

Stage au Conseil général des Côtes d'Armor. Direction de l'Education, des Sports de la Jeunesse et de la Formation. Service Formation tout au long de la vie


Objet:

- Réflexion autour du site "Savoirs en Ligne Côtes d'Armor" initié par le Conseil général du 22 et l'association Forum des Savoirs, constats et pistes d'amélioration.

- Réflexion sur la mise en place d'un outil comme le E-Portfolio ou portefeuille de compétences numérique à destination des costarmoricains.

- Recherche d'expériences similaires sur les territoires français, européens et américains, constats et propositions.


Concepts clés: Identité numérique, territoires, GTEC (Gestion Territoriale des Emplois et des Compétences)

(Mémoire professionnel constitué sous la forme d'un audit)

Le numérique social : expériences et perspectives

Jeudi 1er Juillet, 10 H 30


  • Quels usages ? quels services ? quelles difficultés ?
  • Rencontre des observatoires d'usage autour du numérique dans l'habitat social

Les retours d'expériences que nous commençons à avoir sur ce que nous appelons l'Internet social, autrement dit sur des projets visant à réduire les zones blanches, non pas dans les campagnes, mais dans nos villes, le plus souvent dans les quartiers périphériques, dits quartiers populaires, montrent la diversité de la problématique tant du point de vue de l'action que de celle de l'analyse. En effet, cela touche :

- l'accès à l'équipement et aux réseaux.

 --  l'aide à l'équipement en terminaux, 
 --  la question de la récupération et du cycle de vie des équipements numériques
 --  la mise ne œuvre de dispositifs favorisant l'accès à un FAI à moindre cout
 -- la question d'Internet comme service universel

- la diffusion des usages et l'accompagnement

 -- le constat de la permanence de disparités dans l'appropriation des usages entre les populations
 -- l'évolution de la place des EPN dans les territoires urbains
 -- l'implication des professionnels du social (voir session du vendredi)

- l'implication des services de la ville dans le déploiement de nouveaux usages

 -- la question de la conscientisation énergétique pour le plus grand nombre
 -- l'usage des TIC dans la gestion des bailleurs sociaux 

Quels enseignements pouvons nous tirer aujourd'hui des expériences? Quelles sont les perspectives?

- Faut-il favoriser l'équipement domestique? le déploiement des EPN? Les 2?

- L'internet social est-il source d'innovation sociale?

- Quels sont les enjeux pour les bailleurs sociaux? Pour les collectivités territoriales?

- Un accès Internet à bas coût dans les cités est-il un argument en faveur de ce territoire?

-Quelques pointeurs

  • Autour des questions liées aux problématiques du développement durable:

l'effet rebond (Article 1) et l'effet rebond (Article 2)

la gestion des DEEE

  • Rencontre ouverte du groupe de travail de l'AVICCA sur le numérique dans l'habitat social
  • Pilotage : Annabelle Boutet (Marsouin) associant Thierry Jouan (Avicca), Elisabeth Le Faucheur (ville de Brest),

Les Professionnels du social et les TIC

Vendredi 2 juillet, 10H30

  • Parmi les difficultés d'une politique d'e-inclusion l'implication à construire des acteur-ice-s professionnel-le-s (DSU, association d'insertion et d'éducation populaire, CCAS, centres sociaux, ..)
  • Animation : Pascal Plantard

Cette session sera conduite de manière collaborative, sous forme de Barcamp en s'appuyant sur plusieurs contributeurs au débat :

  • Pierre Pencolé, intervenant à l'IRTS
  • Pascal Plantard, Université de Rennes 2, chercheur
  • Mariane Trainoir, Etudiante Usetic Rennes 2
  • Fanny Saint Georges, Etudiante Usetic Rennes 2
  • Sara Mammad de Beauregart, Etudiante Usetic Rennes 2

Retours sur les 3 matinées


Notes et réflexions collectives sur la session INCLURE (Marianne Trainoir, Fanny Saint-Georges, Pascal Plantard)

  • Qu'entend-on aujourd'hui par e-inclusion ? (30/06/2010)


Intervention de Pierre Montagnier (OCDE) Le fossé numérique : de l’accès aux ordinateurs aux activités en ligne Analyse des micro-données (soit par variable et toutes choses égales par ailleurs) Objectifs : analyser en fonction des caractéristiques socio-économiques : l’accès, l’utilisation, l’abandon des TIC, la fréquence d’utilisation, le téléchargement de contenus audiovisuels et la variété des activités

Chiffres clés : 2009 : 63% des ménages ont accès à internet à domicile

Indicateurs d’inégalité : coefficient de GINI (cf enquête CREDOC 2007 et 2008)

2008 : différence importante de diffusion des TIC entre les ménages avec et sans enfants, importance encore accrue dans les ménages à bas revenus (plus 80%) Age et niveau d’éducation = variables ayant la plus forte importance. Incidence du revenu plus importante en Europe qu’en Corée Incidence de la composition du ménage = cf. facteur d’isolement dans les enquêtes M@rsouin Différence des activités dans et hors domicile : exemple des activités en ligne en Corée qui diminuent avec l’accès haut débit car les activités de loisirs s’exercent plutôt hors domicile (cybercafé) = importance de la culture

Notions évoquées : Capital social : peut-on mesurer les effets du capital social ? Engagement (utilité perçue, apprentissage, attitude, intensité, temps et fréquence) Utilité perçue Leader et modèle (processus d’identification, rôle du médiateur) Culture

Remarque de Jocelyne Trémenbert (M@rsouin) : Les enquêtes M@rsouin indiquent que les déterminants (âge, revenu…) permettent de prédire à 80% les comportements (fait d’être utilisateur ou non) des enquêtés. Restent donc 20% qui ne répondent pas aux déterminants : poids des représentations et de la psychologie

Réactions et commentaires de Pascal Plantard (M@rsouin) : - Influence des politiques publiques et industrielles - Etude PISA : lien avec les travaux de De Certeau sur la lecture


Intervention de Mickaël Le Mentec (M@rsouin) : Idéologie autour de la société de l’information dite aussi société de la connaissance pourtant l’information reste de l’information tant qu’on n’a pas les outils (le capital social ?) pour la transformer en connaissance. Internet ouvre le champ des possibles de façon illimitée mais comporte aussi des risques de conformisme et d’uniformisation évidents.

Notion d’inclusion (origine anglo-saxonne) : ouverture de la société pour accueillir le plus grand nombre de personnes = société inclusive Vs intégration ou insertion normative Avant 2004 : discours politique = lutter contre la fracture numérique


Conclusion Pierre Montagnier : Problème de la cible mouvante : comment mesurer quelque chose qui bouge tout le temps ?


  • Atelier internet, multimedia et insertion sociale (30/06/2010)


Projet présentés :

- Repères dans la cité voir le site

Annuaire, réseau de lutte contre l’isolement social, accès aux droits. Rôle de la Ville de Brest = soutien technique « parce que nous les travailleurs sociaux on n’y connaît rien là-dedans » Difficulté des travailleurs sociaux et des bénévoles à se saisir de ces outils car cela nécessite de se rendre disponible et ce n’est une priorité ni pour les services ni pour les usagers d’autant plus que les hiérarchies des différents services d’action sociale sont difficile à mobiliser


- Pays Sud Charente : espace public mobile dans un pays rural en voie de désertification (voir le blog)

Bus aménagé en espace public numérique : former les habitants et notamment les personnes en insertion à l’utilisation des outils numériques en visitant notamment les chantiers d’insertion et les EIAE A noter dans la présentation du projet : nous on veut bien aider à la présentation du CV mais on n’est pas là pour aider les gens à savoir quoi mettre dedans ?!? on n’est pas formé pour ça (oui ça c’est sûr…)


- Ateliers informatiques à l’AGHEB auprès de personnes en situation d’exclusion sociale (interview de l'animatrice)

Répondre à la demande instantanée, répondre rapidement pour accrocher. Partir du besoin, de la demande de l’usager. « Quand il n’y a pas de besoin, il faut le susciter » mais on reste sur de la « consommation ». Les usagers « utilisent », « consomment ». On reste sur des « usages basiques » : savoir allumer et éteindre son ordinateur. Problématique du temps, respect du temps de l’usager Poursuivre l’accompagnement, suivi, créer de la continuité (notamment en notant où on en est à la fin de chaque séance) Problèmes de mémorisation Reprise de contact avec les enfants et petits-enfants par le mail = fort facteur de motivation notamment pour les mères et les grand-mères D’autres manières d’accrocher notamment lorsqu’on est confronté au problème de l’illettrisme : photo, vidéo, travail sur la signalétique en lien avec le code de la route (notamment avec les gens du voyage)


- Parcours emploi, Association des cités du Secours Catholique

Hébergement de stabilisation, loi Apparu = du transitoire long plus de six mois « Parcours emploi c’est un mot plus qu’autre chose » le véritable objectif c’est remobilisation et revalorisation de soi + passer le passeport internet multimédia (PIM) Pas de différence entre insertion sociale et insertion numérique


- EPN de Paris : accompagnement à la recherche d’emploi

Formation des animateurs multimédia ?!! Interdiction aux animateurs multimédia de travailler sur le contenu des CV (!!) Clé USB portefeuille numérique (cf. coffre-fort numérique) : numérisation des papiers et des liens (vers son dossier CAF, pôle emploi…)


Evocation des projets de e-portfolio de territoire (exemple de la lorraine) Folio = espace d’échange structurant pour les deux parties Pour les publics en difficulté : déstigmatisation « on est comme tout le monde »


  • Internet social, internet dans l'habitat social (01/07/2010)


Les offres « internet social » :

Rennes avec Numéricable : Offre SUN (Service Unique Numérique) : à 12,90 €/mois… même s’il faut un peu forcer la main au vendeur en boutique, c’est Rennes Métropole qui a financé donc tous habitant de Rennes y a droit.

Lanester : connexion sociale : 13 €/mois

Angers : gratuit et SUN à 5 €/mois

Brest: gratuit et à 1 € /mois

L’association DEFI de Lanester s'est heurtée à la barrière de l’isolement sur l’opération TUPPERWEB. L’articulation entre les EPN et le travail sociale doit être renforcé.

Maison de Grigny en Rhônes-Alpes Sur les valeurs de l’éducation populaire => toucher les personnes exclues des TIC chez elles (animation d’appartement), là aussi : partenariat +++

Le toit Angevin: l’un des rares bailleurs sociaux à s’intéresser à l’e-inclusion. Pourquoi lutter contre la fracture numérique lorsqu’on est bailleur social ?

3 questions :

- La rentabilité financière ?

- Des publics spécifiques (ex : femmes isolées avec enfants, famille précaires avec adolescents…) ?

- La maîtrise des réseaux et services liés à l’habitat (Chauffage, eau, loyer…) ?

A Angers :

- 600 appartements avec connexion gratuite

- 1800 avec SUN (5€/mois)

Nécessiter d’avoir une évaluation scientifique de ces projets


E-inclusion dans la politique de la ville (Margot Beauchamps)

Les réseaux sont aux fondements de la ville, particulièrement depuis les théories urbaines du 19ème siècle (Ex : paris avec Hausmann, Barcelone avec Cerdà..) L’histoire des réseaux est marquée par un balancement permanent entre « service public » et « entreprise privé ».

Quelques repères :

- effet structurant des réseaux sur la constitution des communautés humaines

- péréquation complexe entre la cohésion sociale et le territoire

- la notion de « solidarité » est au cœur de la cohésion sociale => d’où la nécessité d’un internet social

La société contemporaine est marquée par une forte dépendance aux TIC. La puissance cohésive du réseau internet est laissé à la merci des initiatives commerciales (Facebook…) ou locales (a-brest, la ruche Rennes…) à cause de l’absence de véritable politique publique d’accès à internet. Une société inclusive – à fortiori e-inclusive – nécessite une stratégie nationale d’accompagnement aux usages avec des professionnels formés.


  • Les professionnels du social et les TIC (02/07/2010)


Introduction Pascal Plantard : Objectif : étudier la prise en compte ou non des cultures, des pratiques, générées par les TIC, par les travailleurs sociaux. Il y a aussi des nouveaux métiers, nouvelles pratiques, qui s’inventent : éducation populaire, EPN,… Ce sont des espaces intermédiaires, des espaces presque « transitionnels ». Réfléchir ensemble aux formes de professionnalisation.


Intervention de Pierre Pencolé (Éducateur spécialisé - : Rennes 2 – IRTS)

Objectif présentation : ouvrir trois fenêtres :

- Posture des travailleurs sociaux vis-à-vis des TIC

- Résistance à la « chose technologique » ?

- Et les usagers ??


Parentification : dans certaines familles les enfants se retrouvent en position de devenir les parents de leur parents + Rapport à l’autorité, rapport à la connaissance

Attention, on parle souvent des travailleurs sociaux mais les travailleurs sociaux ne sont pas un groupe homogène. Les publics touchés sont différents de même que les formations et les postures professionnelles (par rapport aux TIC mais seulement).

Les publics mis sous tutelle/curatelle étaient au départ des personnes non apte à faire face aux actes du quotidien. Cela a évolué et ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Freins identifiés à l’usage des TIC dans le travail social :

- Représentations des travailleurs sociaux : les TIC ça ne sert à rien. Ces dernières années on a tenté de les intéressés à la compréhension des usages des TIC. Mais ils répondent que ce n’est pas leur domaine, et qu’ils ont bien assez de travail. Il y a une résistance quand on propose de croiser ces champs. Pourtant ce sont des publics jeunes, devenus assez experts dans la pratique TIC. Décalage entre les TS et les publics. Les rapports ne s’établissent plus comme avant. Il faudrait quelques compétences pour avoir une surface de contact, une interface. Evoquer les tweets, wiki, ce n’est pas possible.

- Profession qui a du mal à se définir comme métier, qui souffre d’une non-reconnaissance de son professionnalisme.

- Manque de légitimité : peur de s’investir par rapport aux TIC. D’après une enquête de terrain, 12% des travailleurs sociaux sont capables de réinitialiser une TV.

Equipement des personnes bénéficiant de l’AAH en téléphones portables = situation paradoxale d’accès à la norme et de perte d’autonomie alors même que l’autonomie des personnes est le but recherché (fil à la patte notamment par les parents)

Le référencement des objets dans prestation de compensation du handicap conditionne la prise en charge de l’équipement. Il en va de même pour tout l’équipement en électroménager des ménages pauvres à qui on accordera une aide financière pour un lave-linge mais pas pour un lave-vaisselle considéré comme du luxe. Sans entrer dans les considérations pratiques pour savoir si l’un est plus utile que l’autre, ceci montre à quel point l’intervention sociale peut-être liberticide puisque le travailleur social décide de ce qui est bon pour l’usager ou non niant sa liberté individuelle.

Question de l’éducation et de la formation : est-ce que ce n’est pas une question de formation des travailleurs sociaux, de rapport à soi, et de rapport aux autres ? Il faudrait déconstruire les représentations autour d’Internet. Les travailleurs sociaux doivent être à même de comprendre que les usagers désirent être dans la norme. Certains usagers veulent un téléphone, mais n’ont pas d’abonnement. On est quelquefois un handicap pour eux. Ils ne sont pas hors la société, ils SONT la société.

Remarque : les travailleurs sociaux font le choix de l’humain, alors est-ce qu’ils n’opposent pas l’humain et la technologie ? Il faut faire un effort collectif. On ne peut pas demander aux gens d’être des spécialistes de la technologie, mais dans les EPN des personnes peuvent apporter quelque chose dans la collaboration. Animation de réseaux et de territoires.

De la réticence, ou de l’ignorance ? Il y a différents niveaux. Il faut s’atteler à la question de l’éducation. Utiliser l’outil pour le mettre au service de projets. Dans la sphère des influences subies, il y a les outils multimédia, Internet. Qu’est-ce que ça change dans l’éducation ?


Réactions et commentaires de Pascal Plantard (M@rsouin) :

On s’intéresse à des espaces d’intervention, de formation et de professionnalisation complexes et paradoxaux. Question de l’autonomie : aujourd’hui il y a quelque chose de l’ordre de la fermeture du monde. Dans les années 80, dans les établissements de rééducation les éducateurs enfermaient les TV, pour ne pas avoir à gérer les conflits. Quelles normes construisons-nous collectivement autour de la pénétration des TIC dans la société ? Est-ce que les TIC sont structurantes ? Oui, elles structurent des imaginaires, des pratiques. D’autres catégories (cf enseignants) les rejettent. Les TIC ne sont pas des outils, elles représentent des choses, même à l’état de potentiel, même si on n’y a pas accès. Des fondements de construction identitaire. Les identités professionnelles ne sont plus forcément un agent de facilitation du travail éducatif au sens large.


Intervention Marianne Trainoir (Master 2 TEF)

Atelier morphing avec des publics sans-domicile. Travailler sur l’image de soi avec un public qui a très souvent une vision dégradée de lui-même. Aborder l’outil informatique de manière ludique. Entrer en contact, instaurer une relation de confiance et créer des moments d’échange. Ce genre de projet mobilisant les TIC ne fonctionne que s’il s’insère dans un projet pédagogique global et s’il est réellement porteur de valeurs et créateur de lien. Si, par là, les usagers développent des « compétences numériques » c’est bien mais c’est loin d’être le seul objectif. L’objet technique est un objet personnel, c’est un lieu d’intimité, de construction identitaire. Les phénomènes de stigmatisation liés aux TIC sont importants.


Réactions et commentaires de Pascal Plantard (M@rsouin) :

Les travailleurs sociaux peuvent comprendre cela, ça percute quelque chose : la mise en relation n’est plus aussi standardisée qu’avant. Les réseaux technologiques structurent la vie quotidienne (Voir Margot). D’où qu’on soit nous n’avons pas un regard suffisamment distancié par rapport aux technologies. Les technologies ne sont pas neutres. Le technocentrisme envahit tout, y compris le travail social.


Intervention Sara Mamad (Master 2 TEF)

Problème de la formation du personnel. Peu qualifié, mais motivé. Ont peur de se confronter à des jeunes qui savent mieux gérer l’outil qu’eux. Ça ne les intéresse pas. Situations d’urgence. Relation d’aide, relation humaine.

Conclusion : quelles pistes de travail pour avancer vers l'e-inclusion ? (Pascal Plantard)

Réactions et commentaires ouverts aux vents d'ouest.


Après la première matinée : Qu’entend-on aujourd’hui par e-inclusion ?

L’e-inclusion concerne autant la prise en compte des phénomènes d’exclusion générées par les TIC (ex : e-administration…) que les usages des TIC favorisant insertion, ré-insertion et inclusion sociale. Cela renvoie à la question du « social » qui est en fait la question de la construction historique de ce concept. Même dans le contexte hypermoderne des Tic et de l’internet, il faut reprendre les travaux des fondateurs des SHS Durkheim, Marx, Tocqueville, Simmel… A la fin du XIXème siècle, pour Simmel, on est pauvre quand on rejoint la communauté des pauvres. C’est l’assistance qu’une personne reçoit publiquement qui détermine son statut de pauvre. Un Artiste pauvre demeure un Artiste… il ne dévient Pauvre que lorsqu’il n’est plus identifiable comme artiste. Cela renvoie à l’estime de soi, aux processus de désignation et de stigmatisation qui posent bien des questions (et des problèmes) au travail social, même hors technologies. Les mythologies d’internet, les représentations sociales valorisées des TIC provoquent des effets de sublimation qui favorisent la restauration de l’estime de soi. C’est une piste très importante pour définir le « capital social » vis à vis des TIC que cherche à mesurer Pierre Montagnier. Depuis 1980, on constate scientifiquement des résultats très positifs dans toutes les expérimentations menées à petite échelle à partir de ce principe. Elles posent des difficultés d’industrialisation dès que cela rentre dans des politiques publiques larges.


Après l’atelier Internet, multimédia et insertion sociale :

« Voler le boulot des animateurs sociaux » « c’est pas notre boulot »… Pourtant, il semble que la frontière entre ce qui relève de l’activité et de la compétence des uns et des autres ne soit pas la bonne entrée : nécessité de travailler en réseau et donc de former les travailleurs sociaux sur les TIC et les animateurs à la prise en compte des publics en difficulté : problématique de la connaissance de ses publics. La construction du référentiel de compétences des animateurs (travail amorcé notamment par la filière USETIC-TEF à Rennes 2) doit se faire en coopération. Même sans être équipé, on n’est pas en dehors, on fait partie de la société et de la société de l’information. Les exclus (des TIC mais pas seulement) sont dans et font la société.

- Regarder en face les exclusions que produisent les TIC

- Regarder les usages TIC comme amorce au travail social et éducatif

- EPN comme « espace public » au sens d’Habermas

Mots clés :

- Formation

- Partenariat

- Maillage territorial

- Prise en compte de l’usager (notamment dans la dimension du temps)

- Rôle central de l’éducation populaire

- Problème de la mobilité et de la pérennité des données


Après la deuxième matinée : Internet social, Internet dans l’habitat social

Il m’apparaît réducteur de confiner les TIC, et internet en particulier, dans le statut d’outil. C’est beaucoup plus compliqué que cela car si c’est un outil comment se fait-il qu’elles génèrent autant d’usages différents et de croyances plus ou moins fantaisistes.

A propos des usages des TIC, je préfère parler d’INSTRUMENT (en référence à Rabardel) qui comprend une chose : l’artefact, le bidule matériel en face de nous ; et un potentiel d’usages : les schèmes d’action. On joue de l’internet comme on joue d’un instrument de musique… en fonction de l’instrument choisi mais aussi de son environnement, de son éducation musicale et de sa créativité !

On parle aussi beaucoup du « besoin » des usagers. Je trouve que ce terme est aussi piégé car celui qui défini le besoin est rarement l’usager lui-même. Il me paraît préférable de parler de demande ; et la demande, ça se travaille car elle est rarement spontanée, particulièrement en terme de TIC.

J’aime l’expression « force de suggestion » employée par une animatrice d’EPN car elle renvoie à la proposition, à l’identification qui n’enferme pas l’autre mais favorise son émancipation.


Après la troisième matinée : Les professionnels du social et les TIC

Si on définit les usages, comme nous le faisons avec Annabelle Boutet au sein de M@rsouin, comme des ensembles de pratiques socialisées, force est de constater que les usages des TIC percutent les identités professionnelles. Comme le démontre Dubet, la profession est en France un facteur structurant de la personnalité. Les nouvelles pratiques perturbent toujours cette « identité professionnelle » ce qui explique, pour un large part, pourquoi les travailleurs sociaux peinent à introduire les Tic dans leurs pratiques et les animateurs multimédia rechignent à prendre en compte les demandes des publics, jugés par eux, trop « compliqués ». De leurs côtés, les pouvoirs publics s’initient pas de politiques volontaristes d’accès publique à internet et d’accompagnement aux usages. Ce qui fait que la résistance « ordinaire » au changement se justifie d’elle-même par une absence d’objectifs politiques clairs. Tout se passe comme si les exclus du numérique l’étaient définitivement… le travail social demeurait dans un monde a-technologique… les espaces publiques numériques étaient, en permanence, menacés de disparition.

Lorsqu’on constate le même niveau de qualification dans un centre éducatif fermé (CEF – accueillant des jeunes délinquants en alternative à la prison) et en EPN (espace Publique Numérique) : le BAFA… on ne peut que s’inquiéter de la dé-professionnalisation du travail social et du manque de reconnaissance professionnelle des animateurs TIC.


Le Forum des Usages Coopératifs est un lieu où lancer des pistes de travail structurantes, particulièrement en vue d’une société e-inclusive. En voilà 4 :

- Renforcer l’animation des réseaux des EPN en dépassant l’échange sporadique d’expériences par un dispositif de soutien à l’innovation territoriale favorisant l’analyse professionnelle des pratiques, la co-formation et la coopération, au moins à l’échelle de la région Bretagne.

- Définir des référentiels structurés de qualification et de formation des animateurs multimédia à partir de l’analyses de leurs activités et des formations actuelles (BP JEPS, USETIC…)

- Former les travailleurs sociaux – en formation initiale et continue - aux TIC dans la triple dimension « technique » (apprivoiser la bête), « professionnelle » (comme instrument professionnel) et conceptuel (former à l’analyse des usages),

- Développer la recherche sur les usages ; particulièrement auprès des publics très exclus. Dans ce sens, grâce à un partenariat DUI et M@rsouin-Rennes 2, le travail de Marianne Trainoir auprès des jeunes en errance à Rennes va se poursuivre l’an prochain.