Contrib:Educpopnum Bzh, vers un collectif des acteurs bretons de l'éducation populaire numérique

De Forum des Usages Coopératifs

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Forum des usages, édition 2018

une contribution de Auffret Antony

Présentation

Je travaille chez Les petits débrouillards Grand-Ouest en tant que chargé de mission numérique et à l'Université Rennes 2 en tant qu'enseignant dans le domaine des usages socio-éducatifs du numérique et responsable de formation (DU USETIC).

Description du projet

Educpopnum Bzh, vers un collectif des acteurs bretons de l'éducation populaire numérique

Un constat en tension entre plusieurs pôles, du moins optimiste jusqu'aux perspectives plus enthousiasmantes !

Notre ère est numérique. Depuis la Seconde Guerre Mondiale et la mise au point du premier ordinateur, la démocratisation des outils (dans les années 80 un Minitel dans chaque foyer, des bornes tactiles dans les gares, des cartes à puces…) jusqu’à aujourd’hui où des voitures conduisent toute seules, où certains téléchargent des objets qu’ils impriment en 3D, le numérique s’est imposé comme un ensemble de technologies très utiles. Comme pour toutes les technologies, l'adoption des technologies numérique pose des questions. Les robots vont-ils prendre mon travail ? Dois-je apprendre à coder ? À quel âge offrir un smartphone à un enfant ? Les jeux vidéos rendent-ils accros ? Faut-il mettre du scotch sur la caméra de mon ordinateur ? Les logiciels « libres » qu’est-ce c’est ? Comment utiliser le numérique pour apprendre ? A ces questions d'ordre général, l’actualité impose parfois ses sujets. Ainsi en 2018, plusieurs affaires très médiatiques ont marqué le début d’année : l'affaire Cambridge Analytica avec Facebook, ainsi que le phénomène, pas forcément nouveau, de la désinformation qui prend le nom tout neuf de « fake-news ». Ces deux actualités concernent internet et des pratiques populaires aujourd’hui généralisées :

  • l'utilisation des réseaux sociaux numériques, et
  • les pratiques d’accès à l'information en ligne,

Au chapitre des inquiétudes, de récentes publications scientifiques semblent montrer un lien entre l'exposition aux écrans (ordinateurs, tablettes, smartphones) et des troubles cognitifs (troubles de l'attention, de l'apprentissage, de la mémorisation, de l'humeur…). Loin de céder à une vision caricaturale des « méfaits » d'internet ou du numérique, ces études nous invitent au contraire à y porter une attention critique pour développer une connaissance et des utilisations bénéfiques.

Rupture technologique qui a suivi la télévision, cette « fenêtre ouverte sur le monde », internet promettait d'être ce lien menant à la constitution d'un village global, d'être l'outil de la mise en œuvre de la liberté d'expression pour chaque personne (tribunes, blogs, contributions à wikipédia, vidéos artistiques, littéraires, scientifiques…), permettant l'accès facilité à de très nombreuses connaissances de l'humanité pour une réelle mise en œuvre de la formation tout au long de la vie. La réalité est un peu différente. Si le baromètre annuel du CREDOC montre que les taux de connexion et d'équipement augmentent, que les usages se développent (dans tous les champs : travail, loisir, consommation, sociabilités), il montre aussi que les inégalités se creusent. De la même manière, l'enquête CAPACITY montre, dans les grandes lignes, que plus on est aisé financièrement et diplômé, plus on sait mobiliser internet pour augmenter sa capacité à agir.

Pourtant, il existe des moyens pour faire tenir leurs promesses aux technologies numériques : prendre conscience, savoir apprendre et s'en servir pour s'émanciper. Esprit critique, apprendre à apprendre, « softskills » sont les mots-clés de ces nouveaux enjeux pour une société inclusive. En ce sens, et c'est l'enjeu de notre collectif, l'éducation populaire est particulièrement bien placée pour proposer des outils, des méthodes, de l'accompagnement des personnes à la maîtrise des TIC dans une perspective d'émancipation.

Investir dans les infrastructures et en même temps dans l'appropriation sociale !

Le plan Internet Très Haut Débit assure le déploiement de la connexion de tous les Français à un internet de bonne qualité. Il faut, dans le même mouvement, accompagner la population, en commençant par celle qui en a le plus besoin, vers l'appropriation des TIC.

Il existe une dynamique au niveau national. L’éducation au code a été inscrite dans les programmes scolaires. La Grande Ecole du Numérique a fait germer des initiatives un peu partout sur les territoires. Une SCIC, la Mednum, dédiée aux questions de médiation numérique porte des projets au plus haut niveau. Il y a peu, les Fablabs se sont dotés d'une association (le réseau français des fablabs).

Au niveau régional, l'effort est mis sur la mise en œuvre du Plan Bretagne Très Haut Débit, visant 100% des foyers connectés à la fibre en 2030.

La fin des années 90-début 2000 avait connu un déploiement massif de médiation numérique avec la mise en place des EPN (Espaces publics numérique tels que les cyberbases, les ECM - espaces cultures multimédia et les cyber-communes). La plupart de ces politiques publiques d'accompagnement des usages du numérique avec leurs spécificités ont disparu ou se sont normalisées, fondues dans d'autres politiques, en partie parce que l'équipement et l'accès à internet quasiment généralisé masquent, dans les chiffres, les inégalités sociales que les acteurs de terrain constatent quotidiennement. Le rapport « les usages du numérique en Bretagne » du GIS MARSOUIN présente un portrait globalement positif mais montre également la persistance de freins à l'appropriation du numérique (fractures générationnelles et culturelles) « conduisant à un risque d’accroissement des inégalités entre les individus et entre les territoires ». En résumé, les travaux scientifiques, concordant avec les observations de terrain, montrent que les freins à l’appropriation sociale du numérique sont de quatre domaines : géographique (pour la connexion), sociale (pour l'achat du matériel), générationnelle (pour la familiarité), culturelle (pour le niveau d’étude). En matière d’inégalité, les acteurs de l’éducation populaire ont une longue expérience. C'est aussi leur présence au plus près de leurs adhérents et usagers qui leur confère une légitimité dans la connaissance de leur territoire.

Se rencontrer pour mieux agir

Dans les structures, avec les adhérents, leurs usagers, les acteurs innovent, créent, inventent, résolvent des problèmes. Avec internet, il existe pléthore de groupes Facebook, des vidéos, de sites ressources (Les MOOC, Class'Code, OpenClass'room, Wikidébrouillard, etc.) mais la distance introduite par le web d’une part et parfois le décalage entre les réponses disponibles et les questions que nous nous posons nous amène à faire émerger ce besoin criant : il n'existe ni lieu ni moment où nous pouvons analyser nos pratiques professionnelles de manière transversale et critique, les mettre en perspective, formuler des questions et construire nos propres réponses. Nous devons nous rencontrer, construire ensemble pour une meilleure action.

La suite de l'histoire est à écrire ensemble...

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