Contrib:Et si l'on avait connu les TIC et le coopératif plus tôt ! : Différence entre versions

De Forum des Usages Coopératifs

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Sur ce territoire idéal, la filière céramique avait présente quasiment toutes ses composante (Faïence, Grès, Poterie, Blanc sanitaire, carreaux, tuiles, briques..... l'Eternit, même) seuls manquaient à l'appel, la Porcelaine réservée à Limoges et le Verre.
 
Sur ce territoire idéal, la filière céramique avait présente quasiment toutes ses composante (Faïence, Grès, Poterie, Blanc sanitaire, carreaux, tuiles, briques..... l'Eternit, même) seuls manquaient à l'appel, la Porcelaine réservée à Limoges et le Verre.
  
Entre réel et virtuel existait un « Réseau social », celui des dirigeants et des ingénieurs de ces usines, tous formés au même moule, l'Ecole Nationale Supérieure de Céramique Industrielle de Sèvres, à l'époque on aurait dit « une mafia des Grandes Ecoles ». Soit qu'ils aient partagé les mêmes bancs (deux camarades de promotion pour mon père), soit qu'ils y retrouvaient leurs « anciens » (sur une plage d'une quinzaine d'années), les relations sociales étaient fréquentes entre eux en semaine comme le week-end (barbecues et autres fêtes).
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Entre réel et virtuel existait un « Réseau social », celui des dirigeants et des ingénieurs de ces usines, tous formés au même moule, l'Ecole Nationale Supérieure de Céramique Industrielle de Sèvres, à l'époque on aurait dit « ''une mafia des Grandes Ecoles ''». Soit qu'ils aient partagé les mêmes bancs (deux camarades de promotion pour mon père), soit qu'ils y retrouvaient leurs «'' anciens ''» (sur une plage d'une quinzaine d'années), les relations sociales étaient fréquentes entre eux en semaine comme le week-end (barbecues et autres fêtes).
  
Ce « réseau social » était probablement moins vrai pour les ouvriers, chaque composante de cette industrie ayant ses savoirs faire spécifique, le faïencier fréquentait peu le potier, le tuilier, le briquetier et déjà celui qui travaillait sur l'amiante (Eternit) inspirait la méfiance.
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Ce « ''réseau social ''» était probablement moins vrai pour les ouvriers, chaque composante de cette industrie ayant ses savoirs faire spécifique, le faïencier fréquentait peu le potier, le tuilier, le briquetier et déjà celui qui travaillait sur l'amiante (Eternit) inspirait la méfiance.
  
 
En dehors du fait que je n'étais pas trop amateur de la vie provinciale de petites villes industrielles, la vie y était plutôt heureuse. Aujourd'hui, le bassin d'emploi est un bassin sinistré.
 
En dehors du fait que je n'étais pas trop amateur de la vie provinciale de petites villes industrielles, la vie y était plutôt heureuse. Aujourd'hui, le bassin d'emploi est un bassin sinistré.
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A défaut, les hommes disposaient des outils de communication de l'époque, le téléphone et le courrier, et surtout, ils se rencontraient physiquement. Ils disposaient donc de la capacité de communiquer entre eux. Pourquoi donc cette capacité n'a-t-elle pu profiter au maintien de cette filière sur son territoire.
 
A défaut, les hommes disposaient des outils de communication de l'époque, le téléphone et le courrier, et surtout, ils se rencontraient physiquement. Ils disposaient donc de la capacité de communiquer entre eux. Pourquoi donc cette capacité n'a-t-elle pu profiter au maintien de cette filière sur son territoire.
  
A mon avis, la première cause est le modèle éducatif français. Quand bien même on favorise, la « camaraderie », les étudiants étaient (et sont sans doute encore en particulier dans le primaire et le secondaire) placé dans une compétition où l'échange et le collaboratif ont peu (sinon pas) de place. Comment envisager de collaborer quand vous êtes en permanence soumis à une évaluation visant à vous hiérarchiser. Vous avez beau entretenir les meilleurs relations avec vos copains de classe, à la sortie, il vous faudra faire la différence.
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A mon avis, la première cause est le modèle éducatif français. Quand bien même on favorise, la «'' camaraderie ''», les étudiants étaient (et sont sans doute encore en particulier dans le primaire et le secondaire) placé dans une compétition où l'échange et le collaboratif ont peu (sinon pas) de place. Comment envisager de collaborer quand vous êtes en permanence soumis à une évaluation visant à vous hiérarchiser. Vous avez beau entretenir les meilleurs relations avec vos copains de classe, à la sortie, il vous faudra faire la différence.
  
La seconde cause me semble être une culture du secret mal comprise. Il est logique qu'un industriel, qu'une industrie cherchent à protéger leurs secrets de fabrication, ses projets, voir ses résultats (là, je suis moins sur de la nécessité. Mais quand, représentant, dans la même filière, des entreprises n'étant pas en concurrence frontal (acheter un bock à bière en grès ne met pas le fabriquant de « chiotte) voisin en péril, pourquoi n'avoir su partager les contacts commerciaux, les achats, la recherche. Sans doute, l'époque contemporaine résout-elle cette question via les « Clusters » et les « Pôles de compétitivité », mais j'ai quand même, du fait de mon expérience professionnel, toujours des doutes sur les progrès dans cette culture du partage.
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La seconde cause me semble être une culture du secret mal comprise. Il est logique qu'un industriel, qu'une industrie cherchent à protéger leurs secrets de fabrication, ses projets, voir ses résultats (là, je suis moins sur de la nécessité. Mais quand, représentant, dans la même filière, des entreprises n'étant pas en concurrence frontal (acheter un bock à bière en grès ne met pas le fabriquant de « ''chiotte'' » voisin en péril, pourquoi n'avoir su partager les contacts commerciaux, les achats, la recherche. Sans doute, l'époque contemporaine résout-elle cette question via les « ''Clusters'' » et les « ''Pôles de compétitivité ''», mais j'ai quand même, du fait de mon expérience professionnel, toujours des doutes sur les progrès dans cette culture du partage.
  
 
Une petite anecdote : Toutes ces usines recevaient tous les ans, à des dates différentes, l'acheteuse d'une grande centrale d'achat britannique. C'était déjà une vieille dame qui recevait dans la salle d'un restaurant (étoilé Michelin) assumant, durant sa journée de travail, la consommation d'une entière bouteille de Whisky (et pas du Whisky de Supermarché). Jamais personne n'avait imaginé pour épargner à cette dame les affres des transports de l'époque (je ne parle pas de sa consommation d'alcool), de se regrouper pour l'accueillir dans des conditions encore meilleurs (les acheteurs sont des partenaires à choyer).
 
Une petite anecdote : Toutes ces usines recevaient tous les ans, à des dates différentes, l'acheteuse d'une grande centrale d'achat britannique. C'était déjà une vieille dame qui recevait dans la salle d'un restaurant (étoilé Michelin) assumant, durant sa journée de travail, la consommation d'une entière bouteille de Whisky (et pas du Whisky de Supermarché). Jamais personne n'avait imaginé pour épargner à cette dame les affres des transports de l'époque (je ne parle pas de sa consommation d'alcool), de se regrouper pour l'accueillir dans des conditions encore meilleurs (les acheteurs sont des partenaires à choyer).
  
Mais à la mode des TIC, bien d'autres choses auraient pu être partagé : les contacts, le calendrier, la veille technologique, les méthodes, les achats. On sait que l'on sait, aujourd'hui, le faire. Aujourd'hui, je rêve à ce que j'aurai pu leur proposer grâce à BuddyPress... tout en continuant à m'interroger à ce qu'ils en auraient fait. On peut pour des motifs de modernité intégrer la Publicité, le Marketin, les Technologies de l'Information et de la communication tout en ne sachant pas en tirer, d'une manière efficace. Pour avoir suivi comme observateur plusieurs programmes de formation des élus, des fonctionnaires, mais aussi des TPI/TPE et PMI/PME, je peux en témoigner.
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Mais à la mode des TIC, bien d'autres choses auraient pu être partagé : les contacts, le calendrier, la veille technologique, les méthodes, les achats. On sait que l'on sait, aujourd'hui, le faire. Aujourd'hui, je rêve à ce que j'aurai pu leur proposer grâce à BuddyPress... tout en continuant à m'interroger à ce qu'ils en auraient fait. On peut pour des motifs de modernité intégrer la Publicité, le Marketing, les Technologies de l'Information et de la communication tout en ne sachant pas en tirer, d'une manière efficace. Pour avoir suivi comme observateur plusieurs programmes de formation des élus, des fonctionnaires, mais aussi des TPI/TPE et PMI/PME, je peux en témoigner.
  
Force est de constater que beaucoup de responsables quelques soient leurs objet, sont « le nez dans le guidon » de leur spécialité et que quand bien même, pour les nouvelles générations, elles seraient sensibilisés aux usages des TIC, sont encore loin des usages à l'égal de ceux qui les ignoraient parce qu'ils n'avaient pas encore été inventés.
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Force est de constater que beaucoup de responsables quelques soient leurs objet, sont «'' le nez dans le guidon ''» de leur spécialité et que quand bien même, pour les nouvelles générations, elles seraient sensibilisés aux usages des TIC, sont encore loin des usages à l'égal de ceux qui les ignoraient parce qu'ils n'avaient pas encore été inventés.
  
Les freins sont nombreux : le temps disponible, le manque d'information et de formation, l'accès à l'exemple, le « jouer avec » (jouer n'est pas sérieux, passé le cours préparatoire, et avant le Sérious Game, il ferait sans doute bon de repasser tous les décideurs au « Logo » et à sa sortie – avec compétition à la clef), la solitude,... (remarquez que l'on parle de moins en moins de « fracture économique » s'agissant des usages de l'Internet et des TIC).
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Les freins sont nombreux : le temps disponible, le manque d'information et de formation, l'accès à l'exemple, le «'' jouer avec ''» (jouer n'est pas sérieux, passé le cours préparatoire, et avant le Sérious Game, il ferait sans doute bon de repasser tous les décideurs au « L''ogo'' » et à sa sourie – avec compétition à la clef), la solitude,... (remarquez que l'on parle de moins en moins de «'' fracture économique ''» s'agissant des usages de l'Internet et des TIC).
  
Le « Médiateur numérique » a donc aujourd'hui toute sa place dans la mutation des filières ou des communautés professionnelles et sociales ainsi que dans celle des territoires réels. Encore faut-il en faire sa promotion auprès des pouvoirs publics et des leaders d'opinions (je pense en particulier aux responsables des Fédérations professionnelles ou associatives). Comme la perle se construit autour d'un intrus au cœur de l'huitre, faisons du « Médiateur numérique » un intrus puis un agitateur brownien au cœur des territoires réels et virtuels.
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Le « ''Médiateur numérique '''''Texte en gras'''» a donc aujourd'hui toute sa place dans la mutation des filières ou des communautés professionnelles et sociales ainsi que dans celle des territoires réels. Encore faut-il en faire sa promotion auprès des pouvoirs publics et des leaders d'opinions (je pense en particulier aux responsables des Fédérations professionnelles ou associatives). Comme la perle se construit autour d'un intrus au cœur de l'huitre, faisons du « Médiateur numérique » un intrus puis un agitateur brownien au cœur des territoires réels et virtuels.
  
 
=== La Chute ===
 
=== La Chute ===
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Chose promise, chose due.
 
Chose promise, chose due.
  
Le produit que fabriquait mon père le plus connu par le grand public est aujourd'hui produit en extrême-orient. Il  ne vaut que quelques centimes d'euros sorti d'usine et est encore utilisé par la grande industrie agro-alimentaire. Alors, il faut le faire venir en conteneurs via Suez, pour les petits porte-conteneurs, par Le Cap, pour les plus gros. Les charger sur des barges pour le faire remonter le Rhône et la Saôone, les charger sur les camions pour les amener là où il seront valorisés par le produit qu'ils sont destinés à contenir.... et un Boeing 747 Cargo en ramène une partie, toute les semaine, à l'extrême de l'Orient.
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Le produit que fabriquait mon père le plus connu par le grand public est aujourd'hui produit en extrême-orient. Il  ne vaut que quelques centimes d'euros sorti d'usine et est encore utilisé par la grande industrie agro-alimentaire. Alors, il faut le faire venir en conteneurs via Suez, pour les petits porte-conteneurs, par Le Cap, pour les plus gros. Les charger sur des barges pour le faire remonter le Rhône et la Saône, les charger sur les camions pour les amener là où il seront valorisés par le produit qu'ils sont destinés à contenir.... et un Boeing 747 Cargo en ramène une partie, toute les semaine, à l'extrême de l'Orient.
  
 
Bonjour le « Coefficient Carbone ».
 
Bonjour le « Coefficient Carbone ».
  
Quelque Polytechnicien, Enarque, Hec, a bien pensé faire transporter la valeur ajouté du produit vers l'Orient et d'utiliser le pondéreux sur place. L'idée ne semblait pas mauvaise, le transport du produit riche étant nettement plus facile. Mais bien mal lui en a pris. Les japonais ne voulaient plus le produit parce qu'il n'était plus estampillé « France ». Je ne suis pas du genre cocorico.... mais il ne viendrait pas l'idée de boire de Saké « Made in France ». Les identités territoriales ont encore un sens même dans et, peut-être surtout, dans la mondialisation.
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Quelque Polytechnicien, Enarque, Hec, a bien pensé faire transporter la valeur ajouté du produit vers l'Orient et d'utiliser le pondéreux sur place. L'idée ne semblait pas mauvaise, le transport du produit riche étant nettement plus facile. Mais bien mal lui en a pris. Les japonais ne voulaient plus le produit parce qu'il n'était plus estampillé «'' France '''''Texte en gras'''». Je ne suis pas du genre cocorico.... mais il ne viendrait pas l'idée de boire de Saké «'' Made in France '''''Texte en gras'''». Les identités territoriales ont encore un sens même dans et, peut-être surtout, dans la mondialisation.
  
 
=== Circuits cours et ESS ===
 
=== Circuits cours et ESS ===
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En 2014, l'usine a connu une renaissance et compte une vingtaine de salariés qui alimentent restaurants, charcutiers, public. Une relocalisation est donc possible.
 
En 2014, l'usine a connu une renaissance et compte une vingtaine de salariés qui alimentent restaurants, charcutiers, public. Une relocalisation est donc possible.
Je l'ai découvert du côté de Montauban, à l'occasion d'une foire locale. Naviguant entre les stands, j'en découvre un portant le nom de la raison sociale de l'usine que dirigeait mon père.  
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Je l'ai découvert du côté de Montauban, à l'occasion d'une foire locale. Naviguant entre les stands, j'en découvre un portant le nom de [http://digoin.pagesperso-orange.fr/entrez/economie/gres_poteries.htm la raison sociale de l'usine] que dirigeait mon père.  
 
Après entretien avec la jeune femme qui tenait le stand, des ateliers et des fours étaient de nouveau en service. Quand à elle, elle montait régulièrement en Bourgogne avec son camion, pour renouveler le stock qu'elle vendait sur les marchés. A cette occasion, j'ai appris, qu'en matière de poterie et de grès, les besoins étaient différents en Aveyron, dans le Tarn, dans le Cantal ou dans les Hautes-Pyrénées....  Les villages gaulois, surtout s'ils sont un peu métissés, ne sont pas encore morts.
 
Après entretien avec la jeune femme qui tenait le stand, des ateliers et des fours étaient de nouveau en service. Quand à elle, elle montait régulièrement en Bourgogne avec son camion, pour renouveler le stock qu'elle vendait sur les marchés. A cette occasion, j'ai appris, qu'en matière de poterie et de grès, les besoins étaient différents en Aveyron, dans le Tarn, dans le Cantal ou dans les Hautes-Pyrénées....  Les villages gaulois, surtout s'ils sont un peu métissés, ne sont pas encore morts.
 
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Version du 16 avril 2014 à 13:35

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