Contrib:L’Observatoire du Spectateur (OduS) : un bien commun entre recherche et développement territorial : Différence entre versions

De Forum des Usages Coopératifs

Ligne 36 : Ligne 36 :
 
Cardon, Dominique, et Antonio Casilli. 2015. Qu’est-ce que le Digital Labor ? Etudes et controverses. Bry-sur-Marne: Institut National de l’Audiovisuel.
 
Cardon, Dominique, et Antonio Casilli. 2015. Qu’est-ce que le Digital Labor ? Etudes et controverses. Bry-sur-Marne: Institut National de l’Audiovisuel.
  
Delaporte, Chloé. 2018. « Dispositifs innovants, consommation créative ? Netflix ou la recommandation des contenus audiovisuels à l’ère de la prescription algorithmique ». In Pré-actes - Congrès de la SFSIC 2018 : Création, créativité et médiations. Vol. III, Objets techniques, dispositifs et contenus.
+
Delaporte, Chloé. 2018. « Dispositifs innovants, consommation créative ? Netflix ou la recommandation des contenus audiovisuels à l’ère de la prescription algorithmique ». In Pré-actes - Congrès de la SFSIC 2018 : Création, créativité et médiations. Vol. III, Objets techniques, dispositifs et contenus. http://www.sfsic.org/attachments/article/3280/Pre%CC%81-actes%20vol%203%20-%20congre%CC%80s%20SFSIC%202018.pdf.
  
http://www.sfsic.org/attachments/article/3280/Pre%CC%81-actes%20vol%203%20-%20congre%CC%80s%20SFSIC%202018.pdf.
 
 
Flichy, Patrice. 2013. « Rendre visible l’information : une analyse sociotechnique du traitement des données ». Réseaux 178‑179 (2): 55‑89. https://doi.org/10.3917/res.178.0055.
 
Flichy, Patrice. 2013. « Rendre visible l’information : une analyse sociotechnique du traitement des données ». Réseaux 178‑179 (2): 55‑89. https://doi.org/10.3917/res.178.0055.
  

Version du 3 juillet 2018 à 13:10

Forum des usages, édition 2018

une contribution de Flesch Eloi

Présentation

Bien que pas vraiment finalisé, j’ai souhaité partager sur ce forum un projet de bien commun numérique sur lequel je travaille dans le cadre d’un travail de thèse. OduS (l’Observatoire du Spectateur) est un dispositif d’enregistrement des spectacles sur les territoires. La donnée produite est entièrement ouverte : accès, création et modification de contenu par et pour les spectateurs (type Wiki sur le fond, mais rien à voir d’un point de vue logiciel).

Description du projet

Au départ, l’objectif d’OduS dans le cadre de mes recherches était de constituer un corpus de données sur les spectacles du Grand Briançonnais (Hautes-Alpes) qui permette de nouvelles approches algorithmiques pour la recommandation culturelle : approches répondant à d’autres systèmes de valeurs que ceux des industries culturelles et touristiques (la composante touristique est très forte sur ce territoire). J’ai programmé OduS avec mes petits doigts de débutants (je ne suis pas informaticien), c’est donc un prototype qui comporte son lot de bévues... d’autant plus qu’il n’est pas totalement finalisé, il sera en pré-production sur le Grand Briançonnais à partir de la rentrée prochaine. Il aurait été dommage de le laisser dans sa boîte le temps de ce forum. J’ai donc mis en ligne une version test ici : http://testagenda.odus.eu. Pour répondre à certains objectifs de ma recherche, il est nécessaire de se connecter avec un login ; à terme, cette obligation devrait être levée. Bien qu’encore fragile en l’état, je vous présente ce projet parce qu’il peut trouver ses prolongements sur d’autres territoires et sur d’autres domaines d’activités. Quand il sera plus abouti, le projet sera en open-source et open-data. Pour le moment, il est surtout ouvert à toutes les remarques, à toutes les énergies et propositions de développement !


Une bibliothèque de l’offre culturelle, un bien commun

OduS permet de créer des événements culturels et de les partager. Mais surtout, l’architecture de la donnée permet des traitements automatiques (pour des algorithmes de graph, notamment). En créant un nouvel événement, l’utilisateur crée des « objets » organisateur, compagnie, spectacle, lieu, etc. Ce qui constitue au fil du temps une bibliothèque d’organisateurs, de compagnies, de spectacles, de lieux, etc. Chaque objet contient des champs, des sous-objets (qui peuvent eux-mêmes comportés des sous-objets, ceci de façon récursive) et des critères de tris locaux (assignés à un territoire ou un festival, par exemple). Le dispositif est volontairement dépouillé pour ses premiers pas, mais il permet au fil du temps d’ajouter des objets, des champs et des critères de tris très facilement. C’est l’un de ses intérêts : l’architecture même de l’information va être remodelée et complété par ses utilisateurs. Faut-il laisser un champ libre pour le genre artistique ou s’attacher à faire une classification fermée de l’offre culturelle par genre ? Serait-il pertinent d’ajouter un objet « partenaire » aux organisateurs ? Ce qui créerait de facto une nouvelle bibliothèque partagée de partenaires et permettrait, par exemple, de filtrer l’offre culturelle selon cet objet à des fins de statistiques ou encore pour la création de nouvelles vues disponibles pour le lecteur. La modularité du dispositif, permet d’adapter son architecture et ses formulaires aux besoins définis par ses utilisateurs et de créer à l’infini des informations structurées pour des traitements statistiques et algorithmiques. Les utilisateurs créent de nouvelles bibliothèques, structurent l’information de ces bibliothèques, définissent les critères de tri et à terme pourront utiliser des modules de traitement pour donner à voir l’information depuis différents points de vue. Souvent l’open-data se cantonne à donner accès à une information (qui la plupart du temps fait l’objet d’une purge informationnelle lors de l’export). OduS donne accès à l’information, mais il permet aussi à chacun d’en créer de nouvelles qui seront mises en commun (et non enfermé sur des serveurs). Mais surtout OduS permet de définir en commun les formats et les structures informationnelles. C’est ici que se joue l’enjeu de la donnée : définir ensemble les « cadres de l’action », en amont de la production informationnelle et de sa mise en partage. D’un point de vue politique, c’est reconsidérer l’enjeu du pouvoir non plus uniquement à l’endroit de celui qui produit l’information, mais aussi et avant tout à l’endroit de ceux qui structurent la production informationnelle : les contraintes et les libertés qu’ils imposent par leurs choix éditoriaux.


Un CMS de l’objet et un design pour une littératie numérique

Pour le moment, quelques lignes de codes sont toujours nécessaires pour modifier l’architecture de la donnée, mais le noyau a été pensé pour qu’à terme tout soit configurable depuis des formulaires. Et c’est le second intérêt d’OduS : il est transposable à n’importe quel autre domaine : patrimoine, manifestations sportives, cinéma, etc. tout ce qui peut être traité comme une ressource documentaire structurée. A l’état de prototype, il préfigure ce que nous pouvons appeler un « CMS de l’objet ». Un CMS permet la création de documents et des liens hypertextes qui organisent la circulation entre ces documents. La structuration des formulaires d’un CMS colle à la mise en visibilité côté lecteur (logique d’affichage) mais ne correspond pas nécessairement à une logique documentaire et à son organisation dans des bases de données realtionnelles. Tout autrement, OduS permet la création d’objets, la définition des contenus qu’il autorise et la spécification de règles qui mettent en relation ces différents objets (relation exclusive ou mutualisée, relation conditionnée par des champs de l’objet ou de son parent, etc.) OduS a donc pour fonction première l’écriture de l’architecture de la donnée et de ses « architextes » (l’architecture des formulaires qui conditionnent l’écriture de l’information). OduS permet donc de concevoir et de produire des corpus de données structurées qui seront par la suite aisément exploitables pour une mise en visibilité simple de l’information mais aussi et surtout dans le cadre de traitements automatiques. Le dispositif est le pendant d’une réappropriation des algorithmes de recommandation par les citoyens et les territoires. Côté design, vous verrez, les choix actuellement implémentés sont tout à fait discutables… J’ai opté pour le concept leboncoin : plus l’emballage est moche, plus l’intérêt est dans le contenu ! Mais cela fait aussi partie de ma recherche : discuter avec les utilisateurs de la traduction sémiotique d’une base de données relationnelle. L’hypothèse étant que la littératie numérique passe avant tout par le design des dispositifs. Le design doit donner à voir la réalité logicielle et les coutures techniques doivent être suffisamment visibles pour que l’utilisateur, sans nécessairement pouvoir décrire la structure de la base de données, soit en mesure de « dialoguer » avec une certaine réalité technique ou logique de classification de l’information, celle des bases de données relationnelles.


Un programme de recherche, de l’opacité à la transparence

Enfin, OduS a été conçu dans le cadre de la recherche et est donc pensé pour enquêter sur la manière dont se produit et évolue une information. Le chercheur (comme tout autre utilisateur) pourra ainsi ajouter ses propres champs et critères pour traiter l’information primaire et créer de nouvelles valeurs informationnelles. Au-delà des enjeux territoriaux et citoyens, OduS répond aussi à desenjeux de recherche. Il permet de construire un objet commun entre ces deux mondes. La production de ses utilisateurs devient directement utile pour la recherche (contrairement aux corpus de données mal fagotés, comme Twitter par exemple, qui posent de sérieux problèmes méthodologiques et épistémologiques au chercheur). Enfin, la production scientifique peut-être traduite sur des fonctionnalités de traitement de l’information intégrées au dispositif et partagées entre ses utilisateurs. C’est en cela qu’OduS est Observatoire du Spectateur : il accueille des instruments d’observation et de mesure mis à disposition du spectateur. Le spectateur devient acteur de la mise en visibilité de points de vues de l’information culturelle de son territoire. Enfin, OduS a pour horizon le développement collaboratif d’algorithmes de recommandation ouverts et transparents.


Bibliographie

Allard-Poesi, Florence, et Véronique Perret. 2003. « La Recherche-Action ». In Conduire un projet de recherche, une pespective qualitative, édité par Yvonne Giordano, 85‑132. Caen: EMS. https://hal-upec-upem.archives-ouvertes.fr/hal-01490609/.

Borel, Simon. 2016. « Le panoptisme horizontal ou le panoptique inversé ». tic&société, no Vol. 10, N° 1 (octobre). https://doi.org/10.4000/ticetsociete.2029. Cardon, Dominique. 2010. La démocratie Internet : promesses et limites. La république des idées. Paris: Seuil. ———. 2015. A quoi rêvent les algorithmes : nos vies à l’heure des big data. La République des idées. Paris: Seuil.

Cardon, Dominique, et Antonio Casilli. 2015. Qu’est-ce que le Digital Labor ? Etudes et controverses. Bry-sur-Marne: Institut National de l’Audiovisuel.

Delaporte, Chloé. 2018. « Dispositifs innovants, consommation créative ? Netflix ou la recommandation des contenus audiovisuels à l’ère de la prescription algorithmique ». In Pré-actes - Congrès de la SFSIC 2018 : Création, créativité et médiations. Vol. III, Objets techniques, dispositifs et contenus. http://www.sfsic.org/attachments/article/3280/Pre%CC%81-actes%20vol%203%20-%20congre%CC%80s%20SFSIC%202018.pdf.

Flichy, Patrice. 2013. « Rendre visible l’information : une analyse sociotechnique du traitement des données ». Réseaux 178‑179 (2): 55‑89. https://doi.org/10.3917/res.178.0055.

Grumbach, Stéphane. 2015. « Qu’est-ce que l’intermédiation algorithmique ? » 1024 – Bulletin de la société informatique de France, no 7 (novembre): 93‑111. Heinich, Nathalie. 2017. Des valeurs: Une approche sociologique. Paris: Gallimard.

Jeanneret, Yves, et Emmanuël Souchier. 2005. « L’énonciation éditoriale dans les écrits d’écran ». Communication & Langages 145 (1): 3‑15. https://doi.org/10.3406/colan.2005.3351.

Longhi, Julien. 2017. « ‪Humanités, numérique : des corpus au sens, du sens aux corpus‪ ». Questions de communication, no 31 (septembre): 7‑17.

Ménard, Marc. 2014. « Systèmes de recommandation de biens culturels, Recommender systems of cultural goods: towards a production of conformity ? » Les Cahiers du numérique 10 (1): 69‑94.

Rouvroy, Antoinette, et Thomas Berns. 2013. « Gouvernementalité algorithmique et perspectives d’émancipation : le disparate comme condition d’individuation par la relation ? » Réseaux, no 177 (avril): 163‑96. https://doi.org/10.3917/res.177.0163.

Ressources