Contrib:Lieux numériques, entre pratiques populaires et ré- appropriation des technologies ?

De Forum des Usages Coopératifs

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Forum des usages, édition 2018

une contribution de Bellanger Julien

Présentation

PING http://pingbase.net/

Description du projet

Lieux numériques, entre pratiques populaires et ré- appropriation des technologies ?

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INTRODUCTION ====

Recherche-action en mouvement : Bricoleur culturel et autodidacte en montage de projets artistiques et associatifs, je participe au sein de la structure associative PiNG à l’exploration des sentiers «numériques» en ouvrant des «lieux» de pratique et de ré-appropriation des technologies où les questions “d’émancipation collective et de transformation sociale” traversent nos pas-si-cyber-que-ça espaces. Cet article qui devrait figurer dans le prochain numéro des cahiers de l’Injep, point d’étapes d’une réflexion partagée, propose de poser les bases d’un récit/écrit collectif à partir de l’hypothèse suivante : Plus « il y a de la technologie », plus nous avons besoin de lieux physiques favorisant une réelle appropriation sociale de ces technologies ? Est-ce suffisant ? Quels sont leurs retours d’expériences ? Comment nos explorations numériques viennent-elles interroger l’éducation populaire ? Comment partager ces questions avec les acteurs de l’intérêt général, de l’éducation, de la culture, des mouvements sociaux, … ?

Partant d’échanges avec différents collaborateurs et amis, nourris par les recherches des uns et des autres, je présente ici une problématique sur les conditions d’appropriation des technologies en la complétant par un lexique en (dé)construction. Il ne s’agit donc pas d’un constat définitif, figé et dogmatique mais d’un ‘pas de coté’ brut, d’une méthode réflexive et d’un espace de croisement pour « se réapproprier les espaces de travail de la culture », pour cultiver de bonnes « formes d’intervention ». Citons B. Cadon de Labomédia, Jeff de Snalis,de jb, d’ Alain Giffard et Xavier F. de Bureau d’Etudes qui ont participé à ce laboratoire mix-d’idées, ainsi que d’autres contributeurs anonymes pour l’instant. visite en 2016 aux http://www.lesusinesnouvelles.com/ près de Poitiers, “anonyme au bureau”

PROBLEMATIQUES

À la question initiale de savoir si nos espaces de pratiques participaient à une meilleure appropriation sociale des sciences, techniques et technologie numérique, nous avons répondu « un oui mais… » . Quatre interrogations sont apparues : POURQUOI EST-CE NECESSAIRE DE S’APPROPRIER LES TECHNOLOGIES ?

Une vision du monde qui passe de plus en plus par le prisme du « numérique », notre monde se transforme petit à petit en données binaires avec lesquelles nous sommes invités à interagir. Notre vie s’étale sur un mur de gifs animés.

La théorie de l’information, la discrétisation du vivant, une forme de simplification par la transformation de l’analogique en tranches de 0 et de 1 qui induit une transformation de notre paysage intellectuel et imaginaire. La bannière gif de l’excellent https://yamatierea.org/

La suprématie d’une vision scientiste, la représentation du monde à travers la science et la technique, l’efficacité de la preuve par l’expérience, la technique (en) « marche » et s’impose comme vision du monde au détriment d’une approche sensible et plus proche du fonctionnement de la nature.

D’un point de vue logique, la question de la possibilité de s’approprier les techniques est première par rapport à celle de la nécessité. Il faut de la médiation ! Ainsi, la technique sans médiation n’est qu’un aspect du grand « bluff technologique », une sorte de culture technique industrielle-consumériste-marketing, qui formate les usages et peut (doit) être combattue par une culture technique critique.

S’il est possible de s’approprier la technique donc, il est nécessaire de le faire parce que la technique tend à se greffer sur la totalité des relations humaines, et à être elle-même la relation de référence, structurante et centrale. Il faut donc délaisser la notion de technique-moyen pour celle d’une technique-relation humaine. S’approprier la technique ce n’est pas adopter un moyen pour une finalité qui nous est propre ; c’est définir un sens à la relation, entre hommes et techniques. L’homme ne devant jamais être considéré comme un moyen par l’homme. summerlab, Ecole d’Architecture de Nantes, http://summerlabnantes.net/ 2014


A QUI PROFITENT LES LIEUX DE … « MEDIATION » ?

Dans quelle mesure à travers les lieux de médiation, sommes-nous des agents de promotion de ces objets techniques et méthodes ? De façon presque involontaire, nous sommes des facteurs de validation de ces progrès techniques, et ce malgré une posture critique. A travers les arts numériques notamment, nous sommes amenés à utiliser les « dernières technologies » et à en faire ainsi la promotion.

Nous sommes également parfois, contre notre gré, complètement partie prenante dans « l’écosystème » créatif et innovant : les *labs (fablab, medialab, hacklab, …) comme avant garde de l’innovation (avec par exemple la récupération des hackatons par les démarches entrepreneuriales), nous sommes parfois défricheurs de futurs terrains fertiles mais dont les légumes et les fruits seront récoltés par des start-ups à la pointe de l’intégration capitaliste de ces dynamiques créatives et de partage.

Les lieux de médiation sont donc des lieux de tension, de conflit entre des injonctions à l’innovation industrielle et des appels à un mouvement d’une culture critique. Ces lieux ne peuvent éviter (même placés sous le signe de la culture libre) d’être intégrés, à un degré ou à un autre, à l’économie de l’attention. Dans le modèle du « double-sided market », façon Google, ils figurent sur le premier côté, parmi toutes sortes de têtes de gondole. Le conflit des attentions croise et renforce le conflit des cultures techniques.

Cela ne signifie pas que les lieux de médiation soient condamnés à être instrumentalisés. Le seul fait d’ouvrir la question de la culture technique constitue un début de résistance (voire de sagesse).

COMMENT ET OU PRODUIRE DES ELEMENTS DE MEDIATION VECTEUR DE TRANSFORMATION SOCIALE ?

Tout en prenant en compte les éléments évoqués précédemment, il convient de faire œuvre de médiation pour aussi tenter de propager un esprit critique et distancié face à ces évolutions sociétales technologiques. Si l’on ne veut pas connaître le même échec que la décentralisation culturelle (FRAC, Scènes nationales dont le public est finalement cantonné à quelques CSP, …), il convient de renouveler, réinventer nos modes d’intervention. Dans l’urgence, mais très lentement.

Pour cela, il est nécessaire d’appréhender au plus près les évolutions des pratiques, notamment chez les jeunes, afin de situer un point de départ pertinent pour cet échange de connaissances, savoirs, savoir-faire et savoir-penser. Le principe de « lieu de médiation » pose question : le « lieu » constitue une base arrière, socle au développement structurel d’un projet, afin notamment de développer des formes d’intervention salariées ou bénévoles, et assurer ainsi une certaine stabilité au projet. Néanmoins, il constitue également un facteur de conservatisme : une certaine inertie face à de potentielles évolutions dans les modes/formes d’intervention.

Il pourrait s’agir d’articuler des modes d’interventions « hors les murs » et « dans les appareils » des gens à partir de cette base « aka lieu physique », et donc penser cette action de médiation pour développer le sens critique, le libre arbitre, l’autonomie face aux technologies, au plus près des usagers. Il pourrait s’agir de « s’intercaler » dans la vie numérique des gens afin de lui donner plus de sens et de distance : on peut ainsi imaginer des moyens d’intervention mobiles qui se déplacent sur un territoire au gré des interpellations et des besoins. Il pourrait également s’agir de développer des applications qui contribuent à ces souhaits et qui s’intercalent dans le processus informationnel quotidien afin de mieux le gérer, voire le contrôler.

En considérant le stade d’avancée de « l’économie de l’attention », il faut réussir à détourner, capter une partie de cette attention pour créer des zones d’échanges et de médiation. Pour ce faire, des démarches ludiques peuvent être déployées tout en tentant d’esquiver les travers de la gamification de nos existences. Le hack, le canular, l’humour peuvent également être des leviers pour grignoter des bribes d’attention et opérer parfois à des changements d’échelle.

La palette des outils au service de la médiation critique vis à vis du numérique peut et doit donc s’étendre et se diversifier pour atteindre ses objectifs, dans un monde qui glisse pour l’instant de façon inexorable vers une emprise hégémonique de ces entités numériques sur nos quotidiens. COMMENT OBJECTIVER NOS LIMITES ?

— Dehors/Dedans : Poser comme point de vigilance l’écart existant entre le discours produit par nos soins et la façon dont on est perçu de l’extérieur. Ouverture du lieu versus accessibilité effective des contenus ?

— Prévisible/Désiré : Nous produisons des formats croisant innovation sociale et participation citoyenne qui se situent au sein de la ville et produisent certainement des artefacts ou des conséquences qu’on ne défend pas certainement par ailleurs. Dès lors, comment pensez ou pensons-nous les dispositifs que nous mettons en place ? A quelle échelle pouvons-nous intervenir, quelles forme d’émergences se dissimulent dans nos activités ? Porter un regard objectif sur ce que produisent les langages définissant nos actions, étant emportés ou portant d’autres types de langages, eux-même pris dans d’autres logiques.

— Transparence/Alternative : Bien comprendre que l’open source n’est plus forcément alternatif, mais que réside dans la fabrication de la valeur et la transparence un terrain plus fertile.

— Economie/Emploi : Nous parlons/partons d’une dimension culturelle pour construire nos actions. Ne sont-elles pas aussi attendues du point de vue de l’économie. #emploisDuFutur. Mais notre territoire d’actions n’est pas celui des technosciences, notre terrain en négociation est celui de l’économie territoriale, c’est-à-dire celles des voisins, de la proximité, …

— Education/Populaire : Dans un monde non enchanté, notre terrain est sans doute davantage une tentative d’application de l’appropriation sociale des technologies, la poursuite des techniques populaires commune plutôt q’une éducation populaire qui connait des limites ! Quelles sont aussi nos limites ?

— Transmission/Savoirs : nous proposons une participation citoyenne à la société technicienne et scientifique : Il y a sans doute là un nouveau socle sensible. L’usage volontaire des sujets comme les communautés en ligne, l’artisanat et néo-artisanat tend à proposer d’ articuler compétences en réseau à une compétence située.

— Institution/Autonomie : ces éléments interrogatifs constituent le projet spécifique d’un groupe spécifique, une association par exemple. Nos projets sont définis de manière autonome par rapport aux procédures institutionnelles (du type label, fédération, etc). Il s’agit de « s’auto-instituer ». Il y a donc nécessairement non seulement deux discours, mais deux régimes de pratiques, et des passerelles diplomatiques à construire. Les strates de notre tactique seraient doubles : d’une stratégie PUBLIQUE en surface à une autre démarche CRITIQUE dans une logique scindée, traversée par des pratiques de design social pour passer du manifeste à l’implémentation. Un empilement salutaire et tactique ?! PING, Mon@

— Subjectif/Objectif : Cette stratégie ne peuvent pas dériver seulement d’une analyse objective du théâtre des opérations, comme si, une fois que les choses avaient été correctement analysées, on avait la liste des tâches, des points d’investissements, une « agency », des priorités. Non ! Le plus important est de savoir quelle logique pilote. C’est certainement le côté subjectif, les « valeurs partagées », l’éthique, l’esthétique, la politique, les goûts, les désirs de nos actions.

— Limites/Pluralité : Il y a donc un « lieu », un point où cela s’arrête . Nos limites sont ici, doubles : limite de territoire, limite d’échelle, limite d’actions. Quelle alliance privilégiée pour dépasser une fonction d’éclaireur ? Profiter d’une forme d’organisation pronant une pluralité radicale. summerlab 2016, la Déhale Le Pellerin, photo by JeanBaptiste

   Les formes d’organisation et d’intervention sont ouvertes en ce moment : surtout ne pas les fermer. Ne pas être maker, pour être libre


LEXIQUE

Revenir sur les termes qui nous définissent, nous encadrent et nous délimitent est peut-être un bon moyen de tisser des liens et des communs avec d’autres secteurs d’activités et acteurs.

La sémantique décrivant les activités liées au numérique est en mouvement. Elle est souvent déterminée par les financeurs (pouvoir public, marché), mais aussi par ceux qui les activent (citoyens,acteurs) ou ceux qui les commentent (médias,réseaux sociaux) :

Plateforme C, atelier de réparation

*    CULTURE NUMÉRIQUE COMMUNE
    
   Dans un texte co-écrit avec Alain Giffard en 2014, nous nous interrogions sur « les lieux » où nous apprenons à comprendre ces technologies numériques, à les anticiper, à les détourner, à nous les approprier. Cette question des conditions nécessaires à cette appropriation n’est rien d’autre que la question de ce que nous avions nommé, pour définir un espace commun : la culture numérique.
    
   En partant du postulat que la culture numérique est en mouvement — dans le sens où elle est en formation — elle ne pré-existe pas à sa transmission, en insistant sur la dimension “pratiques, ateliers” ?
    C’est à dire que les usages du public ne sont pas strictement déterminés par l’institution ou le marché. C’est cet écart entre une position de cible et une position active de sujet, qui révèle le projet d’appropriation culturelle.
    Le point central de cette approche fut l’abandon de l’idée que la technologie, pouvait, en se banalisant, diffuser par son mouvement propre les savoirs et savoir-faire nécessaires. Nous avons ainsi proposé des pistes de réflexion sous forme de manifeste :
   → Nous prenons parti pour une culture numérique critique. Sans approche critique, pas de véritable formation à la culture numérique qui se réduit alors un discours d’accompagnement du marketing, à la préparation des consommateurs.
    → Nous pensons que le développement de la culture numérique doit s’inscrire dans la perspective du renforcement des capacités des personnes et des collectifs, c’est-à-dire dans la perspective de la culture de soi.
    → La culture numérique doit être réellement et largement démocratisée. Si nous récusons l’approche par le “rattrapage” et le seul “accès” aux technologies, nous restons fidèles à notre engagement initial de combattre les inégalités dans le domaine numérique et autres.
    → En démocratie, la souveraineté du peuple devient une simple fiction si, face à un environnement qu’il ne comprend pas, qui le « dépasse », il ne peut acquérir l’autonomie suffisante pour comprendre les enjeux, identifier les problématiques et en fin de compte, s’étant approprié cet environnement, désirer exercer réellement son pouvoir. L’assujettissement du peuple à la technologie est une menace sur la démocratie.
    → Nous préconisons d’associer culture numérique et culture du Libre, de construire la culture numérique comme un bien commun.
    → La construction et la transmission de la culture numérique nécessite la mise en place d’une formation dans les cursus généraux de l’enseignement comme dans l’éducation populaire. Cet enseignement relève de la culture générale et ne peut être cantonné aux cursus scientifiques au sens étroit.

Il faut également aménager des temps de débat sur la culture numérique afin d’activer l’appropriation sociale des technologies. Autrement dit, il faut faciliter l’appropriation de la culture numérique comme “contenu” et comme « problème ». Extrait de la vidéo de présentation de C Bonneuil lors des rencontres de l’Atelier Paysan, en ligne sur Youtube, visionné un soir dans mon navigateur Firefox #digitallabor

  • ALGORITHME
« le modèle économique des GAFAM va obliger à repenser l’articulation du monde entre une forme clivante et extrême de capitalisme et une forme renouvelée de marxisme à l‘heure du digital labor, des intelligences artificielles, de la singuralité, du transhumanisme, de l’automatisation et des biotechs. » Olivier Ertzscheid « Appétit des géants, pouvoirs des algorithmes, ambitions des plateformes » Ertzscheid, Olivier. « Appetit des géants : Pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes »

Extrait The circle “Les USA dans un futur proche” Même pas : http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=234164.html c’est déjà comme ça

*  TECHNOLOGIE
   De quoi parle la technologie : On a recours à technologie, parce-qu’elle a plus de dignité que technique (…) technologie, est le nom de la technique dépossédée. Elle se fait hors de nous, sans nous.La société des hommes est « médiatisée » ? par la technique. La technique n’est pas un simple régime de moyens, il peut être intéressant de se poser la question des techniques, des technologies, des sciences, … Comment une appropriation est-elle encore possible ? Qui programme, qui pilote ? Jean-Pierre Séris
    
   « Le terme de technique, dans son acception la plus générale, désigne tout procédé permettant de mettre en œuvre des moyens en vue d’une fin. L’ouverture d’une bouteille à l’aide d’un tire-bouchon est une opération technique, de même que la vidange des cuves d’un pétrolier géant, le passage des vitesses d’une automobile ou la résolution d’une équation du troisième degré. (…) Ce terme désignait au départ la discipline ayant l’objet l’étude de la technique. Mais il en est venu à désigner ce que l’on nomme également la technoscience, c’est à dire un stade du développement de la technique où celle-ci finit par se confondre avec la science. (…) ce qui existe, ce sont des programmes aux orientations divergentes et parfois conflictuelles. Nous pouvons résumer cela par une formule : en matière de technologie, tout ce qui est programmé n’aboutit pas, mais tout ce qui aboutit a été programmé. » La technique, la technologie et la machine. Jean-Marc Mandosio

Atelier à l’EPN-Fab-LAB de Fontenay le Comte, l’Innovation permanente, simple et conviviale http://parcoursnumeriques.net/articles/portraits/immersion-en-espace-numerique-centre-social-oddas-fontenay-le-comte

  • FABLAB

Né aux Etats-Unis, ce concept réunit sous un label très simple un ensemble de points à respecter pour définir son atelier de pratique numérique comme étant un lieu où l’on peut, dans la mesure du possible, fabriquer, réparer et concevoir tout type de projet : un listing de machines, de logiciels et d’outils techniques mis à disposition.Depuis une dizaine d’années, les fablabs cristallisent espérances et convoitises pour un renouveau d’un modèle industriel à cours de batterie de lithium. Ce concept ré-active la notion d’atelier de pratiques, de production en petite série et locale. Comme si les clubs des bricoleurs des années 70, popularisés par le magazine Système D, étaient équipés d’Internet. Comparaison entre la charte des ateliers Systeme D des années 70, et celle des fablab MIT http://fablabo.net/wiki/AteliersystemD

« On peut noter que ces pratiques proposent un retour à la matière, au tangible, au manipulable aumoment où les technologies semblent de plus en plus invisibles. Deslieux permettant de transformer la matière (produire, créer) où, pour cela, il y a transmissions de savoirs et de pratiques sont par essence pluridisciplinaires et croisent les domaines de l’agriculture, la cuisine, des transports, de l’énergie,de l’habitat, des arts et de l’artisanat. tissant une société d’ateliers en réseau ? » extrait la Société des Ateliers du wiki de Reso-nance Numérique

Le phénomène des makers, actuellement étudié par les sociologues, tend à faire passer les rapprochements prometteurs vers les ateliers d’antan au second plan au profit de modèles d’innovation économique et sociale libertaires « Malheureusement, la principale compétence dans la culture maker ces temps-ci semble consister à tenir une feuille de calcul sur Google Drive avec un business plan et une stratégie cohérente de relations publiques pour les médias sociaux. […] » Gambiarra ou la repair culture by Felipe Fonseca sur Makery Extrait slides O Ertzchield ‘la fin de l’internet’ http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2017/09/la-fin-de-linternet.html

  • SOUVERAINETE

En démocratie, la souveraineté du peuple devient une simple fiction si, face à un environnement (ici numérique) qu’il ne comprend pas, qui le « dépasse », il ne peut acquérir l’autonomie suffisante pour comprendre les enjeux, identifier les problématiques et en fin de compte, s’étant approprié cet environnement, désirer exercer réellement son pouvoir.

« La souveraineté technologique nous renvoie à la contribution que chacun et chacune de nous apporte au développement de technologies, en sauvant nos imaginaires radicaux, en récupérant notre histoire et nos mémoires collectives, en nous resituant pour pouvoir rêver et souhaiter, ensemble, la construction ici et maintenant de nos infrastructures propres liées à l’information, la communication et l’expression. » Thomas Bernardi, PING émission Tête dans le flux

Labomedia, oeuvre d’art cédé à PING

  • EMANCIPATION

Portée par cet espoir d’expression individuelle ou collective, où en sommes-nous de cette utopie en réseaux ?

« […]ces dynamiques se sont cristallisées d’une manière tout particulièrement visible à partir de 1995 quand, se créent, à la faveur de l’organisation des contre-sommets altermondialistes, les premiers « média-lab » qui connaîtront une période de grande activité durant une dizaine d’années, mais aussi le réseau libertaire Indymedia dont le mot d’ordre « don’t hate the media, be the media » résonne fortement avec la conviction du hackerisme libertaire selon laquelle le net est le lieu d’une potentielle émancipation des individus dans un esprit d’horizontalité et d’égalité. » Numérique et émancipation de la politique du code au renouvellement des élites, Nicolas Auray

Installation de Malvim, photo en CC by Ptqk durant le festival Tropixel 2013 http://www.pingbase.net/blog-actus/a-tropixel-des-lab-en-mouvement

  • INFRASTRUCTURES

Le numérique est partout : nous travaillons avec le numérique, communiquons avec le numérique, apprenons avec le numérique; avec le numérique, nous faisons la guerre, des rencontres ou des affaires… la liste n’est pas prête d’être close, ni la ferveur avec laquelle nous soumettons nos activités, nos identités et nos vies à l’emprise du numérique. Il serait temps de prendre conscience que nos organisations, territoires et collectifs se confrontent à cet empilement stratégique : « Du monde plat à l’empilement du Stack, Le deuxième phénomène tient à la re-verticalisation solidaire de cette re-centralisation. Aux échanges horizontaux qui portaient les promesses émancipatrices de l’Internet se superpose désormais tout un « empilement » de structures de plus en plus fortement intégrées et hiérarchisées, sous le pouvoir dominant des plateformes, où les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) jouent un rôle proprement central. Un livre récent de Benjamin Bratton cartographie cet empilement — the Stack — en y distinguant six couches superposées. Sur la fondation géologique et les ressources physiques que lui fournit « la Terre », « le Cloud » apparaît comme un archipel de « serveurs, de bases de données, de sources d’énergie, de fibres optiques, d’appareils de transmission sans fil et d’applications distribuées » Notre inconscient numérique, Yves Citton


  • COMMENTAIRES, CONTRIBUTIONS, … ?

N’hésitez pas !

   - “Bel article mais à peine d’accord, on réinvente des mots pour dire éducation populaire qui fait trop marquée …. pourquoi ne pas dire que l’éducation populaire évolue, et c’est ici une facette. L’éducation populaire se réinvente, et tant mieux. Pour moi tu as définit ici une partie de l’éduc pop en disant “notre terrain est sans doute davantage une tentative d’application de l’appropriation sociale des technologies” et sur le titre du chapitre c’est education populaire ou éducation et populaire :). Et l’éducation populair qui connait des limites … C’est affirmatif mais en quoi ? Pour moi une amap c’est de l’éduc pop, les ciné de quartier educ pop, grainothèque, incroyables comestibles, monnaies locales educ pop …. et ce n’est pas en perte de vitesse !:!!!!!!”
   - “Merci pour ce document qui reprend les éléments centraux concernant ces principes de réappropriation. Nous sommes globalement proches de ces constats et réflexions. Juste y intégrer la nécessité d’intégrer une histoire des technologies (au sens histoire des sciences) comme l’a fait à sa manière Fred Turner, par exemple ou, dans un autre registre, Lev Manovich.
   Cela permettrait de donner épaisseur et assise aux développement à venir dans un contexte d’interdisciplinarité croissante ( je pense évidemment aux propositions de Taddeï sur le sens même de cette interdisciplinarité dans une société de la complexité).
   À très vite, Et merci encore pour ce travail de fond dans le domaine de la pensée et de l’action construite.”
   - “super ton article! Mais il manque « la fin de l’internet », artlabo, et aussi un peu d’humour et d’espoir, le ton global de l’article est très frank lepage (cool), ce serait bien d’y ajouter un peu de yesmen : https://vimeo.com/134594770”
   -”C’est publié ? Comme quoi parfois on peut être surpris par n’importe quoi, même un article/manifeste/réflexion/… 
    Mais très agréable à lire. Voire relance les réflexions et actions à mener. 
    Très intéressant à la 1ère lecture.
    Je le relis demain après midi pour t’en dire plus”
   -” je t’invite a lire ceci, en plus on est évalué dedans ^ http://www.experimentation.jeunes.gouv.fr/IMG/pdf/apep_rapport_final_et_annexes.pdf”
   - “Merci Julien.Ton article éclaire d’un jour singulier nombre de points qui m’interroge voire me dérangent dans les projets que je mène. Ré-interroger ses pratiques, toujours…”

- “Lire cela réactive et réaffirme plein d’échanges et pensées… sur nos actions/réflexions sur le numérique, mais pour moi par extension à toute un tas de démarches “innovantes” sur les territoires.

Je me demande quelles séries de micro-dispositifs, (arguments, jeux, liens, livre, ….) ont peut avoir dans nos poches, pour inviter les personnes que l’on rencontre sur nos chemins, à se pencher un peu différemment sur la question numérique, sortir de manichéisme, et commencer à démêler des trajectoires qui correspondent aux développement des puissances de chacun.”
   - “Bonjour Julien, j’ai aimé ton article”

Ressources