Contrib:Bilan rapide et retours d’expériences sur la Web 2.0 à la Bibliothèque La Pérouse

De Forum des Usages Coopératifs

Forum des usages, édition 2012

une contribution de Fernandes David

Présentation

Documentaliste Ifremer - Bibliothèque La Pérouse Centre de Documentation sur la Mer

Description du projet

Le contexte :

A partir de l’année 2010, la Bibliothèque La Pérouse a réfléchit à la mise en place et à l’utilisation des outils du Web 2.0 en direction des usagers. Très vite cinq solutions ont été retenues. Et parmi elles en premier lieu, Netvibes (agrégateur de flux) et l’outil de création et d’hébergement de blogs, WordPress.

Après deux ans de fonctionnement avec ses outils, nous avons pu dresser un bilan que nous avons accompagné d’une première analyse. Ce travail de réflexion, même si il s’agit d’une analyse sommaire, permet de se faire une idée des points forts et des points faibles de ses deux solutions. Il ne s’agit pas dans ce court écrit de décortiquer l’utilisation et de proposer des changements d’orientation ou d’outil mais simplement d'en dresser un bilan et de se poser quelques questions.

Netvibes :

La BLP a créé cinq portails thématiques. Ce sont des portails de "veilles" destinés à apporter de l'information, triée, cadrée et structurée sur les thématiques suivantes : Energies marines renouvelables, Biodiversité, Climat et circulation océanique, Pêche.

Le 5ème portail (Outils de recherche) est lui, destiné à apporter à l'ensemble des usagers un panel de moteurs de recherche et d'informations, de liens comme supports à la recherche sur le Web dans le domaine des sciences. La valeur ajoutée étant l'expertise fournis par des professionnels de l'information et une certaine "validation" des outils proposés.

Dans un premier temps, le but de ces portails était la communication et la fourniture d'information aux usagers. Dans un deuxième temps il s'agissait d'impliquer les usagers et de les amener à s'approprier les portails proposés, à les faire vivre et évoluer.

Une dimension collaborative devait également être développée. Ce volet a en effet était exploité au moment de la construction et de la structuration du contenu des portails à travers l’expertise de chercheurs dans chacun des domaines concernés. Malheureusement cette expérience n’a pu être pérennisée et très rapidement, une fois les Netvibes « lancés », les experts impliqués se sont désolidarisés du projet. La dimension collaborative n’a donc jamais été atteinte.


Il est tout de même utile de souligner les aspects positifs de l’outil et de son utilisation. D’une part pour la Bibliothèque La Pérouse

  • Le portail lié aux "outils de recherche" est satisfaisant en termes de visites
  • Retours positifs des utilisateurs
  • Valeur ajoutée importante en terme de communication
  • Travail de veille intéressant et utile

Et d’autre part pour les usagers :

  • visibilité accrue des compétences de la documentation (on est là encore dans le spectre de la communication malheureusement pas du collaboratif)
  • les informations et outils mis à disposition sont vérifiés et validés, gage de qualité du contenu.

Pour jouer sincèrement le jeu du bilan, il faut y ajouter un retour d’expérience sur les aspects négatifs.

Pour la Bibliothèque d’abord :

  • Investissement en temps important, suivi des URL, mise à jour des flux RSS, veille sur les sources…
  • Plusieurs portails à gérer, implication des collègues extrêmement difficile….
  • Interactivité possible par l’intermédiaire d’une boite de dialogue… Utilisation quasi nulle.
  • Difficultés dès la mise en place des portails, avec le "groupe projet», à entrer dans l’échange et le partage et surtout l’investissement à long terme : les collègues se retirent très vite du projet, les chercheurs impliqués ne sont plus des acteurs mais deviennent des spectateurs ….
  • Dimension collaborative jamais atteinte. Le "verrou" pour passer de l'outil à son exploitation comme plateforme d'échange n'a pas été trouvé....

Pour les usagers ensuite :

  • Dimension collaborative jamais atteinte. Les portails Netvibes sont utilisés comme des réservoirs centralisant des outils et de l’information, un produit de consommation. Aucune des fonctions liées au partage et à l’alimentation des pages et des contenus n’a jamais été réellement exploitée.


Blog sur WordPress :

Le blog de la Bibliothèque La Pérouse (La Boussole) a pour but, d’une part, de se positionner sur le thème de l’Information Scientifique et technique, mission principale de la bibliothèque, mal connue du public et d’autre part de provoquer la participation des acteurs et des usagers de la bibliothèque : collaborer à la rédaction des articles mais aussi amener les lecteurs à réagir, à commenter et à publier.

Sur le même principe, il est facile de mettre en avant les côtés positifs :

Pour la Bibliothèque :

  • Mise en œuvre facile, gratuite et administration simple
  • Image positive de l’outil, bonne carte de visite
  • Veille effectuée dans un domaine de prédilection et « d’excellence » : l’Information scientifique et technique
  • Nombre important de lecteurs

Pour les usagers :

  • Blog lu par les lecteurs (chercheurs, professionnels de la documentation, ingénieur et utilisateurs de la BLP)
  • Abonnements et flux RSS
  • Source d'information de qualité
  • Outil dédié à l'IST


Les aspects négatifs :

Pour la Bibliothèque :

  • Implication là encore difficile, des collègues
  • Difficulté de la part des auteurs potentiel à cerner le sujet (IST)
  • Difficulté à faire « franchir le pas » de lecteur à contributeur : Peu d’auteurs, 4 ou 5 au maximum.
  • Désintérêt progressif
  • Pas de réactualisation du « support », blog vieillissant en termes de graphisme et de présentation
  • Pas de valeur ajoutée : les articles ne sont pas rédigés, contenu fait de citations, de liens

Pour les usagers :

  • Pas d'interaction : peu de commentaire, pas de discussion autour des articles
  • Sujet "ardu" pour les usagers, induisant la difficulté à passer de l'autre côté, à se positionner sur les articles

Questionnement et prospectives :

Y a-t-il des outils à abandonner ? Y a-t-il des solutions nouvelles à développer ? Peut-on parler d’outils collaboratifs ? Tout n’est pas mauvais puisque la communication et le service rendu répondent à l’appel et constituent à eux seuls une petite victoire. Mais…. Ce bilan est-il le constat de quelque chose qui n'aurait pas été au bout de ses possibilités ou plus encore d'outils qui ne répondent finalement pas exactement aux besoins? La question qui peut être facilement mise en avant n’est-elle pas l’idée même du collaboratif en bibliothèque ? Doit-on au regard des résultats et de cette brève analyse abandonner, passer à d’autre modes de collaboration entre les usagers et les professionnels ou simplement repenser et redéfinir la matière sur laquelle on doit appuyer la collaboration ? Chercher là où l’usager accepterait naturellement de collaborer en se demandant quels besoins nécessitent une interaction de type collaboratif et ensuite, quels sont les outils qui répondent à cette demande. Une dernière question, sous un tout autre angle : L'interface, voir même le support de consultation de ses outils a t'il lui aussi une influence sur l'attrait des outils? L'intérêt d'interagir est il dépendant d'une manière ou d'une autre du support utilisé par l'usager? Peut on augmenter la consultation et de là, peut être la collaboration avec l'usager en proposant systématiquement l'accès facile sur un smart phone ou sur une tablette?

Ressources