Contrib:La coopération ouverte, un concept en émergence

De Forum des Usages Coopératifs

Forum des usages, édition 2018

une contribution de Briand Michel

Présentation

Acteur des réseaux coopératifs, co-anime les sites contributifs a-brest, Bretagne Créative, Innovation-pédagogique ; acteur des communs tels Brest en communs, les Assemblées des communs, la COOP des communs, et publie sur le blog « Coopérations ».

Mes veilles, co-écritures, activités, à Brest et http://www.cooperations.infini.fr/spip.php?breve24[activité passées].

Voir aussi une bibliographie des principaux articles.

Description du projet

La coopération ouverte sera le thème du 8 ème Forum des usages coopératifs du 3 au 6 juillet 2018 à Brest. Cette expression met l’accent sur une coopération faite de partage sincère à la différence de coopérations qui ne permettent pas la réutilisation ou qui ne donnent pas à voir publiquement. En amont de la rencontre et des lectures qu’en donneront les intervenant.e.s et participant.e.s il nous a paru intéressant de regarder l’histoire récente de cette expression et d’en situer quelques définitions.

Coopération ouverte, d’où vient “le concept” ?

Il n’est pas étonnant de voir l’origine anglophone de nombreux termes qui désignent des pratiques liées au usages du numérique. C’est aussi le cas de La “coopération ouverte” qui apparaît pour spécifier une forme de coopération dans les environnement numériques et “ouvert”.

La plus ancienne source trouvée est un livre écrit par David A. Curry 1992 sur le système d’exploitation UNIX . En décrivant les origines de ce système d’exploitation, l’auteur souligne l’intention des développeurs de concevoir leur travail de manière à pouvoir être utilisé par d’autres programmeurs. Ainsi il évoque l’environnement de la coopération ouverte dans lequel les programmateurs travaillent d’une certaine manière, c’est à dire qu’ils collaborent généralement les uns avec les autres sur les projets, en partageant leurs fichiers sans avoir sauter par-dessus les obstacles de sécurité. (Curry, 1992).

D’emblée, la “coopération ouverte” est associée au modèle du logiciel libre et de l’environnement de travail conçu de manière à être accessible et réutilisable par d’autres « pairs ».

Le sens nouveau et spécifique de cette expression se concentre sur le terme “open” et relève de ce que Leuf & Cunningham (2001) appellent “ ethos d’ouverture et de méritocratie”. On retrouve par exemple cette idée chez Lessig (2001) dans un livre fondateur “The future of ideas”. Pour cet auteur, les plateformes ouvertes favorisent des interactions entre personnes qui favorise la créativité et l’innovation.

Les pratiques coopératives que ces plateformes facilitent peuvent donner lieu à ce que Von Hippel appellerait l’innovation “horizontale”, “ascendante” ou encore “par l’usage” (Von Hippel, 2005 cité par Cardon, 2006). Le background d’une telle vision d’ouverture, se trouve dans l’idée de production entre pairs introduite par Benkler (2006) lui même inspiré des travaux d’Ostrom, notamment sur les communautés auto-organisées (2000). Dans cette compréhension la “coopération ouverte” est reliée aux espaces numériques de partage d’informations et d’idées.

Selon notre exploration, le terme est utilisé pour la première fois en France en 2006 par Dominique Cardon, pour décrire les “racines du modèle de l’innovation ascendante”, avec trois caractéristiques issues du travail d’Eric Van Hippel :

  • la nécessité de trouver par soi-même et avec ses propres moyens des solutions adaptées à ses besoins
  • une proximité avec les usages qui fait confiance à la sagacité des utilisateurs pour faire émerger des fonctionnalités qui répondent directement à leurs besoins et pour assurer la circulation de l’innovation dans leurs cercles de pairs
  • et la coopération ouverte décrite comme une une loi d’efficience justifiée par le fait que “l’innovation est un processus d’apprentissage par l’usage, si bien que chercher à la protéger et à contrôler ses utilisations affaiblit sa qualité et ses chances d’attirer à elle l’attention des industriels” (Cardon, 2006, p.18).

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