Contribution sur la question des archives ouvertes

De Forum des Usages Coopératifs

Favoriser le libre accès aux publications scientifiques

Le contexte

La publication scientifique est essentielle pour le chercheur : c’est le moyen de faire valider son travail, de faire avancer la recherche, de se faire connaître et reconnaître. C’est le chercheur qui conçoit, rédige et met en forme son article ou sa communication scientifique en respectant scrupuleusement les consignes de l’éditeur qui va le publier. Il consacre souvent plusieurs semaines à cette rédaction avant que le texte soit prêt à être soumis à l’éditeur. Les scientifiques du comité de lecture de la revue assureront, également gratuitement, la lecture critique de l’article.

S’il est accepté, l’auteur cède son article à l’éditeur sans recevoir de rétribution, voire il paye pour être publié dans la revue. Le chercheur transfère tous ses droits à l’éditeur : sauf exceptions, il ne pourra plus réutiliser le contenu de son article, ni les illustrations, pour une autre publication ; il lui sera interdit de diffuser le PDF de l’article à quiconque ; il ne pourra pas le mettre sur son propre site Web. Seuls auront accès à cette publication, les chercheurs dont l’établissement aura pu souscrire un abonnement à la revue. Les prix des abonnements aux revues scientifiques augmentant en moyenne de 5 à 7 % par an, et parfois jusqu’10 %, les bibliothèques, gestionnaires des contrats, se voient contraintes de se désabonner à certains titres, leurs budgets ne pouvant suivre la hausse régulière des tarifs.

En résumé, l’argent public sera dépensé trois fois : pour rémunérer le travail de recherche, pour financer la publication, pour donner accès à cette publication à un nombre restreint de personnes. De plus, la publication appartiendra toujours à l’éditeur, le plus souvent à l’un des trois grands éditeurs qui contrôlent le marché de l’édition scientifique (Elsevier, Springer, Wiley Blackwell).

Une réaction : le libre accès

Face à ce fonctionnement très particulier de l’édition scientifique, des chercheurs, des établissements de recherche, des agences de moyens, des bibliothèques, ont lancé le mouvement du libre accès, à la fin des années 1990. Le libre accès aux publications scientifiques peut se faire concrètement selon deux modalités.

  • La première est celle des archives ouvertes, c.a.d. des bases bibliographiques en ligne qui donnent le plus souvent accès gratuitement à une « version auteur » de la publication (une version qui ne comporte pas la mise en forme de l’éditeur).
  • La deuxième modalité du libre accès est celle des revues libres, c.a.d. des revues dans lesquelles l’ensemble des articles sont accessibles librement sur Internet. Elles supposent généralement que l’auteur finance la mise en ligne de son article.

Cas pratiques à l’Université de Bretagne occidentale et à Telecom Bretagne

L’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et Telecom Bretagne ont chacun mis en place un dispositif qui permet d’alimenter les archives ouvertes.

  • L’UBO a créé en 2008 un portail personnalisé pour que les publications des enseignants-chercheurs puissent être déposées dans l’archive nationale HAL (Hyper Articles en Ligne).
  • Télécom Bretagne a ouvert une base institutionnelle et propose, depuis 2009, un basculement des publications dans HAL sous réserve de l’accord des auteurs. HAL UBO recense plus de 10 000 publications mais seulement 1650 sont accompagnées du texte intégral (16 %). La collection Telecom Bretagne de HAL-Institut Télécom compte 1044 publications dont 215 accessibles en texte intégral (12%).

Questions-Réponses

Peu de publications sont donc librement disponibles en version intégrale ; les publiants sont pourtant informés de ces dispositifs et peuvent s’en servir. Comment se fait-il que les chercheurs utilisent si peu les archives ouvertes mises à leur disposition ? Quels sont les freins ? Quelles sont leurs pratiques ? Choisissent-ils la publication dans des revues libres ?

Pour en savoir plus et pouvoir favoriser le libre accès aux résultats de la recherche, nous venons d’organiser une enquête commune auprès des chercheurs des deux établissements. Nous pourrons vous diffuser les résultats de cette enquête au cours de l’atelier « Culture et biens communs » qui aura lieu mercredi 11 juillet.

  • Catherine Bertignac (bibliothécaire du Service Commun de la Documentation, en charge de l’administration du portail HAL-UBO)
  • Laurence Douilly (Responsable de la bibliothèque scientifique de Telecom Bretagne-Brest)