Animé par : Philippe Cazeneuve (Savoir en actes - Oxalis-Scop)

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Dis-moi d'où tu viens, que je comprenne comment tu pratiques…

Les parcours personnels influencent les croyances et valeurs, orientent nos pratiques de médiation, d'éducation, d’innovation...

A partir de la « socio-analyse » de P. Bourdieu, il s’agit d’interroger nos trajectoires personnelles et de mieux comprendre pour soi et les autres ce qui agit sur nos attitudes et donc nos pratiques.

Principe général

Cet atelier propose une occasion de s'interroger sur soi-même, d'opérer un travail de mise à plat afin de rendre explicite ce qui dans sa trajectoire personnelle, son parcours professionnel, ses choix militants ou engagements associatifs, … influe sur sa façon d'envisager et de pratiquer son travail auprès des autres. Cet atelier peut-être ouvert à toutes les personnes dont l'activité principale est constituée d'un travail relationnel auprès de personnes (tous types de publics) : médiateurs numériques, mais aussi enseignants, formateurs, éducateurs, travailleurs sociaux, représentants associatifs, élus, coordinateur d'équipe ou de projets, managers, …

Le travail d'analyse proprement sera mené uniquement au sein de petits groupes constitués de personnes qui se choisissent mutuellement, et en aucun cas on ne procédera à des interprétations d'ordre psychologiques ou psychanalytiques.

Le déroulement : des échanges au sein de trinômes

De façon pratique, nous proposerons de mener ce questionnement par des interviews mutuelles au sein d'un trinôme sur une durée de 3 fois 30 mn par exemple. L'intervieweur-se dispose d'une séries de questions simples pour amorcer le témoignage de l'interviewé-e. Il-elle ne réagit pas sur ce qui est dit, ne formule aucun jugement ou analyse, mais peut poser des questions pour faire préciser certains éléments. La troisième personne prend des notes sur ce qui est dit, et s'engage à mettre au propre celles-ci pour les remettre ou les adresser à la personne interviewée dans les meilleures délais, si possible avant la fin du Forum.

Les personnes échangent leurs rôles afin d'occuper tous les postes.

Le final : partage d'impressions sur cette séance de travail

La fin de la séance (45 mn environ) est un temps de partage de cette expérience avec tout le groupe. Chacun est libre de parler ou non. Il s'agit à la fois de témoigner de ce que l'on a pu apprendre sur soi-même et sa propre pratique, et de ce que l'on a pu apprendre sur la diversité des représentations, opinions, … qui sous-tendent les pratiques des autres participants. Cette séance constitue une amorce de travail, chacun est libre ensuite de continuer ou pas le questionnement.

Durant cette mise en commun et après cet atelier, chacun reste tenu au respect d'une certaine confidentialité, à propos des témoignages personnels et morceaux de vie échangés.

La théorie qui fonde cette pratique

Bourdieu dit à propos du sociologue : :« C'est dans la mesure où il est capable de s'objectiver lui-même, qu'il peut, tout en restant à la place qui lui est inexorablement assignée dans le monde social, se porter en pensée au lieu où se trouve placé son objet et prendre ainsi son point de vue, c'est à dire comprendre que s'il était, comme on dit, à sa place, il serait et penserait sans doute comme lui. »

(Pierre Bourdieu, Introduction à la Socio-Analyse. In : Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 90, décembre 1991. pp.3-5.) http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1991_num_90_1_2991

Il est communément accepté que la qualité principale d'un médiateur est sa capacité à se mettre à la place de l'autre pour comprendre son point de vue (on parle souvent d'empathie). Je fais l'hypothèse, en m'inspirant de Bourdieu, que le médiateur numérique doit être capable d'objectiver sa propre relation aux objets et technologies numériques afin de pouvoir se distancier dans son travail de son rapport souvent familier avec ces outils (on pourrait parler d'habitus numérique pour reprendre le vocabulaire bourdieusien). De la même façon, objectiver la façon dont nous avons appris, et les procédés de mémorisation que nous utilisons de façon efficace, nous permet dans une pratique de médiateur numérique, d'enseignant ou de formateur, de constater la diversité des situations et d'intégrer cette pluralité des modes d'apprendre efficaces dans nos pratiques professionnelles.

Pour aller plus loin

Des romans autobiographiques écrits par des auteurs inspirés par la socio-analyse : Annie Ernaux

• La Place, Gallimard, 1983.
• La Honte, Gallimard, 1997.
• Les Années, Éditions du Seuil, 2008

Didier Eribon

• Retour à Reims, Paris, Fayard, 2009, 247p. (paru en poche : Champs-Flammarion en 2010).
• Retours sur Retour à Reims, Paris, Cartouche, 2011. (Voir Compte-rendu de lecture de Clément Arambourou sur : http://lectures.revues.org/6834)