Remarque de Julie Le Mest

De Forum des Usages Coopératifs

Pour rebondir sur la prise de note de Fanny, et les éléments mis en avant par Perrine dans son billet de blog sur le sujet, je propose également un petit compte-rendu subjectif, ce que j’ai retenu de la rencontre sur les bibliothèques collaboratives :


Nous ne nous appuyons pas sur des outils, mais sur des communautés et des personnes :


J’ai beaucoup apprécié le retour d’expérience de nos collègues de l’Essonne, qui se sont appuyés sur le dynamisme et le potentiel d’un comité de lecture de science-fiction pour monter un blog dédié. En effet, nous avons d’abord cru que l’outil (le blog, la page Facebook…) allait créer l’usage : en fait, c’est l’inverse, c’est la force de l’usage, du besoin, de la volonté de communiquer qui fait que l’outil va fonctionner ou non.

Le commentaire de Benoît Epron, relatant l’expérience de la médiathèque de Chassieu, qui constate à la fois le manque d’intérêt pour des blogs généralistes (car pourquoi aller chercher de l’information sur le petit blog généraliste de sa médiathèque, quand tellement de sites spécialisés existent par ailleurs ?), mais le succès des outils portés par des relations interpersonnelles, allait également dans ce sens : quand il y a du lien entre les gens dans le monde réel, cela se retrouve en ligne, et vice-versa !


(PS : chers collègues de l’Essonne, à ma courte honte, je n’ai pas réussi à retrouver votre blog. Pouvez-vous le partager ?)


La mise en place de la collaboration n’est pas si simple et les frictions sont multiples :


Par frictions, j’entends les petites difficultés quotidiennes qui font que les enthousiasmes s’émoussent, que la bonne volonté s’érode et que des fois, les projets ne marchent pas, ou difficilement.

Les frictions, c’est les difficultés que certains de nos collègues et usagers ont vis-à-vis de certains outils, et qui font qu’ils sont freinés pour s’emparer de nouveaux usages.

Cela peut aussi être aussi la peur de s’exposer, que le contexte dans lequel nous nous trouvons rend plus complexe : sur Internet, en tant que particulier, nous pouvons être entièrement protégés par l’usage d’un pseudonyme ; en tant que bibliothécaire, nous nous exprimons dans le cadre d’une institution, avec les questions que cela pose en terme de positionnement et de communication.


Nous sommes sortis de l’utopie des débuts, « il suffit de se lancer » : nous savons désormais qu’il nous faut de l’énergie, de l’astuce, et une bonne logique de communication dans nos service, auprès de nos usagers et de nos tutelles, pour débusquer et aplanir ces multiples petits écueils, et donner toutes leurs chances aux projets !


Car nous croyons en la pertinence de la collaboration :


Nous avons toutes les raisons de croire en la pertinence de ces projets, puisque nous sommes, au quotidien, entourés par le besoin de culture et le talent de nos concitoyens. Perrine et Catherine ont montré brièvement le site du Cafard Cosmique. A cet exemple, nous trouvons sur Internet multiples exemples de discussions à n’en plus finir sur tel ou tel personnage de livre, série ou film, nous découvrons sur les sites de partage des inconnus qui créent et partagent vidéos, dessins, textes, nous dénichons des blogs où des inconnus, là encore, analysent film ou livres avec parfois plus de finesse que la presse spécialisée. Nous sommes environnés d’initiatives intelligentes qui font coopérer des gens autour de projets communs.

Bref, la question n’est pas de savoir si c’est pertinent, mais plutôt comment nous, bibliothèques, à notre échelle modeste, allons trouver notre place dans l’offre globale d’Internet et trouver la meilleure stratégie pour faire le relais entre ce dynamisme d’échanges numériques, et notre ancrage local, les usagers que nous servons dans les locaux de nos bibliothèques, eux aussi amateurs d’échanges, et désireux d’augmenter leur culture, leurs connaissances ou de se divertir.


Nous sommes, tout bien considéré, plutôt bien armées pour cela :

  • Comme Internet, nous avons la culture du partage, de la diffusion et de l’échange d’informations : comme le disent les bibliothécaires américains, la bibliothèque, c’est le moteur de recherche originel.
  • Comme Internet devenu le web 2.0, nous sommes en train de faire notre révolution copernicienne et de ne plus nous centrer sur nos contenus, mais sur les services que nous proposons à nos usagers et les liens que nous tissons avec eux.
  • Nous avons toujours été demandeurs de ces échanges : le grand rêve du bibliothécaire, c’est de partager ce qu’il aime et ce qui le fait réfléchir avec ses usagers…


Cette note d’intention ne trouvera un sens que déclinée en projets qui rencontrent un écho auprès de nos publics. Mais nous commençons à avoir l’expérience de nos expérimentations multiples, depuis quelques années, et nous pouvons bénéficier également des exemples et initiatives d’autres bibliothèques, ainsi que d’autres services et structures qui se posent également la question de la médiation numérique et du lien entre ancrage local et Internet global.


Désolée pour le message un peu long. Une petite question, pour finir : j’ai noté la citation d’un article de Raphaëlle Bats, que je ne retrouve pas. Quelqu’un se rappelle-t-il la référence ?


Sinon : le médiaspip du portail des savoirs est en attente de configuration ! Mais la captation audio est sauvegardée sur un disque dur et pourra y être installée.


Julie LE MEST

Responsable du service des applications informatiques et multimédia
Bibliothèque centrale - services communs
Brest métropole océane / Ville de Brest