Contrib:Comment avoir des usages éco responsables avec le numérique ?

De Forum des Usages Coopératifs

Forum des usages, édition 2016

une contribution de Denis Philippe

Présentation

je suis Philippe DENIS médiateur numérique à la médiathèque de Lorient et membre de l'association www.camptic.fr. Je participe au forum des usages pour la 6e fois.

Description du projet

Durant la COP 21 nous avons travaillé avec la FING sur le sujet de la transition numérique et écologique. Le 29 janvier nous avons co organisé un atelier du cycle AgirLocal de Transitions² et un atelier controverse numérique " le numérique peut-il est écologique ?"

J'ai saisi cette occasion pour en parler durant ma chronique TV sur la chaine Tébésud. "Numérique ou comment avoir des usages éco-responsables"

Voici ma chronique :

La Cop 21 est terminée mais l'urgence climatique impose de réévaluer nos usages en équipements informatiques fortement émetteurs de gaz à effet de serre comme les ordinateurs, tablettes ou smartphones. Que faire pour polluer moins avec le numérique ? Il n’y a pas de miracles, les outils numériques sont très polluants et ceci dès leur fabrication ; Ensuite, on pollue beaucoup lors de leurs utilisations et quand on s’en sépare, ils deviennent des déchets très polluants aussi.

Selon plusieurs études, les usages des internautes représentent à peu près la moitié des gaz à effet de serre émis par internet (consommation électrique des équipements). Les dates center représenteraient le quart. Ce sont d'abord nos pratiques que nous devons changer si nous voulons que le numérique soit plus vert.

« L'informatique émet plus de gaz à effet de serre que l'aviation » 4 à 5 % du total des émissions de dioxyde de carbone contre 2 % à l’aviation. (Anne-Cecile Orgerie CNRS (chargée de recherche CNRS) Chaque heure 10 milliards d’e-mails sont envoyés dans le monde. Cela correspond à 4 000 allers-retours Paris New York en avion. Or les TIC se développent bien plus vite que l'aviation. Ce genre de comparaison permet de mieux cerner l’ampleur du phénomène.

Pourtant on pourrait croire que le courrier électronique est plus écologique que le courrier papier !

C’était peut-être vrai au tout début de l’internet mais maintenant son utilisation massive a quand même un impact sur l’environnement. L’empreinte CO2 d’un mail (de son envoi à sa suppression) peut aller de 0,3g à 50g de CO2 selon la taille et le type du mail (selon une publication de Guardian). Ce chiffre multiplié par le nombre de mails (240 milliards par jour) envoyés peut devenir astronomique. En plus de cela, les gens impriment beaucoup.

Alors que faire ? On ne va pas tout arrêter pour autant mais il faut essayer d’avoir des usages malins et économes et c’est pas facile. Pourtant pour le moment les solutions sont entre nos mains.

D’abord faire du ménage dans ses boites mails. Oui car rien que l’ouverture de la boite mail est très énergivore surtout si elle est pleine de messages. Si tout le monde s’y met on peut réduire les impacts associés au stockage des e mails au niveau des data centers.

• Supprimer régulièrement les e mails anciens et/ou inutiles contribue à réduire l’impact écologique des boîtes e mail • activer les anti-spams pour éviter les mails publicitaires, etc • enlever les vieux messages ou photos sur les messageries instantanés des réseaux sociaux • Vous avez aussi la messagerie Newmanity qui est un service sans publicité qui fonctionnent grâce à "des data centers 100 % vert". Ces derniers sont alimentés avec une électricité exclusivement produite avec des énergies renouvelables.

On peut aussi :

• Allonger la durée de vie des appareils ! on l’a vu, il y a désormais plus d’énergie dépensée et de gaz à effet de serre émis lors de la fabrication que lors de l’utilisation. Il est donc plus efficace d’allonger la durée de vie active de l’appareil.

• Entretenir et nettoyer son ordinateur, pour cela, il y a des dizaines d’outils gratuits pour le faire. Ou si l’ordinateur est vraiment vieux, ne pas hésiter à passer au logiciel libre (Linux) il aura une seconde vie.


Comment utiliser internet de manière éco responsable ?

Quelques astuces :

• Les navigateurs internet  : C’est firefox qui mange le moins d’énergie, à l’inverse de Google Chrome • Penser à éteindre votre box et votre boîtier TV le soir. Allumés 24 heures sur 24, ils consomment en une année à eux deux l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 5 à 10 ordinateurs portables utilisés 8 h par jour. • vous adorez regarder la TV via internet ? alors que vous pouvez la regarder la télé ? Préférez la télé ! La vidéo en ligne représente plus de 60% du trafic internet si bien que regarder une émission en streaming HD émet autant de gaz à effet de serre que de fabriquer, transporter et lire un DVD ! • Quand c’est possible, saisir soit même ses requêtes sur la barre d’adresse ou utiliser les favoris. Une requête sur Google produit 7g de C02 du fait de l'immense quantité d'énergie consommée par les quelques 500 000 serveurs du moteur de recherche américain. Ces 7 grammes sont à multiplier par 200 millions de requêtes par jour (au minimum) tout au long de l'année, soit 5,11 millions de tonnes de CO2/an au total (16 kilos par seconde)

Comme on ne peut pas facilement se passer d’un moteur de recherche, alors je vous conseille d’utiliser un moteur de recherche qui plante ! il s’agit d'Ecosa le moteur de recherche qui permet de planter des arbres

Pour compenser l’impact écologique des requêtes des internautes. 80 % des ressources publicitaires sont reversées à un programme de plantation d’arbres au Brésil. D'autres initiatives :

• Heureusement on voit des initiatives comme le FairPhone aux P.B (photo8): un smartphone abordable, fabriqué avec des pièces interchangeables et des métaux extraits dans des conditions humainement convenables. ; • éco-concevoir les sites web et autres services en ligne ; • Dernier conseil : eviter les clouds sauf si c'est vraiment nécessaire.

Enfin est-ce que lire un livre sur une liseuse ou une tablette c’est plus écologique puisqu’on ne coupe pas d’arbres ?

20 millions d'arbres (dont un sur cinq provient encore de forêts anciennes) sont abattus chaque année pour fabriquer les centaines de milliers de livres publiés. Mais selon l'Institut Carbone 4, la création d'un livre ne représenterait que 1,3 kg en équivalent Carbone, contre 135 kg pour un Ipad, et 168 kg pour une liseuse. Selon ces chiffres, lire sur une liseuse deviendrait donc écologiquement intéressant à partir du 130ème livre lu. Mais quand on sait qu'un Français lit en moyenne 16 livres par an, il faudrait donc 8 ans avant que le ratio liseuse vs livre papier s'inverse Pourtant, on ne garde généralement pas aussi longtemps un tel outil, en raison de ses pannes, et surtout de son obsolescence programmée destinée à nous faire renouveler régulièrement nos équipements électroniques. Le livre papier, lui, est quasiment inusable (si conservé dans de bonnes conditions, évidemment).

La ressource de bons conseils :


A l’occasion de la #COP21, GreenIT.fr a publié une liste de bonnes pratiques pour des usages écoresponsables afin de réduire les émissions de gaz à effet de serres.

Conclusion : toutes ces astuces n’auront un impact que si nous sommes des millions d’usagers à faire de même dans chaque pays. C’est un sacré challenge !

Ressources